La saison des pluies est un pire cauchemar pour certains N’Djamenois. Mais, d’autres savent en profiter. C’est le cas de ces jeunes qui ont ouvert des stations de lavage de fortune aux bords des bassins de rétention à côté de l’ex hôtel Santana dans le 7ème arrondissement de la ville de N’Djamena.

15H08mn de cet après-midi du 23 juillet 2018. Nous sommes aux bassins de rétention des eaux de pluie à Abena à côté de l’ex hôtel Santana transformés en station de lavage de fortune. Dès notre arrivée, nous sommes accueillis par une meute de jeunes qui se bousculaient pour arracher notre moto. Ce n’est pas du braquage en tout cas. Mais c’est la manière d’accueillir les gens qui viennent se garer là. Depuis que les eaux de pluie ont rempli ces deux bassins, c’est devenu un lieu de business. Chaque jour, ils sont nombreux ces jeunes qui viennent chercher leurs pitances au bord de ces bassins de rétention en lavant les véhicules et les motos. « Depuis que le bassin est plein, nous sommes là tous les jours, du matin au soir », nous informe Djim, celui qui lavait notre moto.

Pour trouver un client, il faut être rapide c’est-à-dire courir. Non seulement ça, mais il faut aussi savoir s’imposer. « Nous courons à la longueur de la journée pour avoir la clientèle. Si tu es mou, là tu n’auras rien. Par jour, si tu es habile, tu peux rentrer avec 2 000 ou 3000F CFA. Mieux que d’aller voler », se réjouit Djim. En dépit des engueulades avec les autres laveurs, l’ambiance est joviale. « Ici on s’impose par le langage et le fair-play », souligne Djim.

La question de santé

Pour 25OF CFA pour une moto et 1 000F CFA pour les voitures, ces jeunes exposent leur vie surtout sur le plan sanitaire. Mains et pieds nus, ils trainent dans ces eaux sales comme si de rien n’était. Pourquoi ne portez-vous pas de bottes ? La réponse de Djim est nette : « Ça pèse trop et nous sommes appelés à courir pour chercher les clients  donc le choix est clair ».

Selon Nadjingar Doumdeu Freddy, étudiant en 7ème année à la faculté de médecine de N’Djamena et aide-soignant à la clinique la Providence, ces jeunes courent beaucoup de risques : «  Il y a beaucoup de risques surtout infectieux. Il y a des parasites qui peuvent entrer par les pieds et provoquer des maladies comme l’anguillulose, ankylostomiase. Bref les maladies liées au péril fécal ». La santé n’a pas de prix dit-on. Alors ces jeunes sont interpellés à y penser.