Les grosses pluies de ces derniers jours à N’Djaména ont coupé beaucoup de quartiers de N’Djaména du centre-ville. Les eaux abondantes ont quitté leurs lits naturels, envahissant ainsi des maisons et des rues.

Diko, Boutalbagar, Habbéna, Atrone, Kawass, N’Djari, Dinguessou, Angabo, Goz-Ator… les habitants de ces quartiers des 7ème, 8ème et 10ème arrondissements de N’Djaména, sont désemparés. Des maisons sont complètement dans l’eau, en état de délabrement. Des routes inaccessibles, ni à moto, moins encore en véhicule. Ces habitants se débattent contre la boue pour se rendre à leurs domiciles.

Parfois, pour tout un quartier, il n’y a qu’une seule voie accessible. Les motocyclistes et les automobilistes abandonnent leurs engins chez des connaissances pour continuer le reste du chemin à pied. Les eaux stagnantes jumelées à la terre, naturellement argileuse de N’Djaména, rendent la vie difficile aux habitants de ces quartiers de la capitale. Ces populations recourent alors à tous les moyens pour tenter de remédier à cette situation : levée de fonds, ponts de fortune, des charrettes…

A Boutalbagar par exemple, les habitants cotisent pour arranger la grande voie qui traverse le quartier et qui constitue une issue aux autres quartiers tels que. Les endroits les plus gênants sont remblayés grâce à des fonds collectés chez des passants. Une pratique qui se répand un peu partout. « Quand je vois que le ciel est nuageux, je cours vers la maison avant la pluie. Si la pluie tombe avant mon arrivée à la maison, je passe la nuit dehors », confie un habitant de Boutalbagar.

Dans d’autres quartiers, surtout ceux du Nord, ce sont des particuliers qui construisent des ponts de fortune pour permettre aux habitants de passer, moyennant paiement d’une somme allant de 50 à 100 francs CFA. Cette activité lucrative se développe dans les quartiers Diguel, Angabo et autres.

A Goz-Ator par exemple, au prolongement du viaduc de Tacha Moussoro, l’eau a coupé l’accès à ce quartier. Là-bas, ce sont des charrettes qui traversent des marchandises et des personnes. Chaque individu paie 100 franc CFA pour son passage. Des jeunes qui s’adonnent à cette activité se lèchent les doigts. « Depuis une semaine, je fais traverser les gens, je rentre à la maison avec plus de 3 000 francs CFA par jour », explique l’un d’entre eux, transportant sur sa charrette deux femmes à l’entrée de Goz-Ator, à 50 mètres de la voie bitumée.

Les usagers trouvent cette situation inadmissible. Pour beaucoup, l’Etat est absent dans cette partie de N’Djamena. « Dans une capitale, ce sont les charrettes qui font traverser les gens d’un quartier à un autre », déplore un passant.