La rue du citron, ainsi les N’Djamenois nomment le Boulevard du 11 août dans le 3ème arrondissement situé entre l’Hôpital de la mère et de l’enfant et la morgue de l’Hôpital général de référence nationale. Sur cette voie, un petit marché de citron se crée et s’agrandit de jour en jour.

Il est 8h 45mn quand Martine vient déposer ses bassines et plateaux sur le trottoir du boulevard. A côté d’elle, un sac rempli de citrons qu’elle prend le soin de laver et disposer sur ses plateaux pour les vendre. Comme elle, elles sont nombreuses ces vendeuses de citron à prendre d’assaut chaque matin le boulevard du 11 août.

Le marché de Dembé est le lieu d’approvisionnement de ces vendeuses. « Chaque matin avant de venir ici, je me rends au marché de Dembé pour m’approvisionner. J’achète parfois 5 à 10 « coro ».  Le « coro » est à 1500 FCFA en ce moment. Je les vends en deux jours et je fais des bénéfices de 3 000 FCFA. Ce n’est pas beaucoup », déclare Martine. Ce que soutient sa voisine Lucie, qui explique qu’avant, elle achetait 4 « coro » qu’elle écoulait en une journée mais maintenant ce n’est pas le cas. « Ce que je vends en ce moment-là, c’est ce que j’ai acheté hier. Il n’y a pas d’argent » affirme-t-elle.

Le choix de ce lieu

Outre cette crise qu’elle évoque, Lucie pense que si elle ne fait pas de bénéfice, c’est parce qu’elles sont nombreuses. « L’année passée nous étions cinq ou six ici après qu’on nous ait chassées de l’espace derrière le ministère des Affaires Etrangères » lance-t-elle. Mais elles défendent ensemble que sur ce boulevard elles ont quand même des clients. « Au marché, nous n’avons pas de place. Quand on se met devant une boutique, le propriétaire nous chasse en nous disant qu’on bloque l’accès à sa boutique. Ici on est mieux même si parfois la mairie nous dérange un peu. On fuit pour nous cacher puis on revient plus tard. » déclarent les deux femmes. Pour résoudre ce « petit » problème elles ont trouvé une solution. « Chaque samedi, nous cotissons 500 FCFA chacune que nous donnons aux agents de la mairie qui viennent nous chasser. Comme ça, ils nous laissent tranquilles, deux, trois jours avant de revenir » nous confie Nodji, une autre vendeuse de citron.

Quant aux clients, ils disent que c’est l’accessibilité de l’endroit qui les plait. « Je viens ici par ce que c’est facile d’accès. Au marché, il faut entrer à l’intérieur pour acheter les citrons. En plus, je ne connais pas personnellement l’endroit où on vend du citron et des « citronnelles » dans le marché » affirme un client.