N’DJAMENA, 30 mai (Xinhua) — La 7ème réunion sur la problématique de l’assèchement du Lac Tchad se déroule depuis vendredi dans la capitale tchadienne. Au menu: un rapport sur l’ audit environnemental qui met la Commission du bassin du Lac Tchad et les pays riverains devant leurs responsabilités.

“Le rapport sur l’audit environnemental sur l’assèchement du Lac Tchad intervient après le protocole d’entente de novembre 2012 signé à N’Djamena visant à inverser la tendance de l’assèchement des eaux du Lac Tchad”, déclare Tahir Souleymane Haggar, président de la Cour des comptes du Tchad.

Le Lac Tchad a connu, au fils des ans, un assèchement inquiétant, dû au réchauffement climatique, à des pluies de moins en moins abondantes et à une plus grande utilisation de ses eaux pour l’irrigation des cultures. La superficie de ce lac qui dessert le Tchad, mais également le Cameroun, le Niger et le Nigéria, est passée de 25.000 km2 dans les années 60 à moins de 2. 500 km2 aujourd’hui.

Les résultats de l’audit conjoint, présenté jeudi au président tchadien Déby Itno et au menu de la réunion qui se tient à N’ Djaména, révèlent des faiblesses et des dysfonctionnements dans les quatre pays qui empêchent à la Commission du bassin du Lac Tchad (CBLT) en tant qu’institution de sauvegarder le Lac Tchad et lui redonner sa dimension initiale. Ce sont essentiellement: les stratégies insuffisamment orientées vers la gestion durable et la protection des ressources en eau; le manque de définition claire des rôles et responsabilités des différents acteurs; le système de surveillance et de suivi défaillants; la faible application des réglementations et des sanctions correspondantes, etc.

“Bien que chacun des quatre pays riverains ait édicté des règles contraignantes et qui encadrent les utilisations majeures des ressources en eau, les mesures de protection prévues dans le cadre légal et règlementaire applicable sont très faiblement mises en oeuvre”, déplore le texte.

Il ajoute que la CBLT n’assure pas pleinement sa vocation en tant qu’organisme de bassin transfrontalier, en ce qui concerne notamment la gestion équitable des eaux, l’aménagement du bassin et l’application des règles de protection des ressources en eau, faute d’un mandat clair et précis pour le faire, ainsi que d’une organisation adéquate des services du secrétariat exécutif.

Pour corriger ces faiblesses et défaillances, les experts recommandent au sommet des Chefs d’Etat et au Conseil des Ministres de procéder à la mise à jour et à la clarification du mandat, de la nature et des structures de la CBLT, de manière à lui conférer toutes les fonctions reconnues aux organismes de bassin performants, en vue de la mise en oeuvre des bonnes pratiques de gestion intégrée des ressources en eau dans le bassin du Lac Tchad.

Les experts s’attendent “raisonnablement à ce que la CBLT puisse mettre en place les mécanismes et outils permettant de déterminer les niveaux maximums de prélèvement des ressources en eau autorisés par pays, qui soient compatibles avec la gestion durable desdites ressources, et qu’elle veille au respect de ces niveaux”. Dans ce sens, la Charte de l’eau, adoptée par les Etats membres en 2012 et en cours de ratification, prévoit des niveaux annuels de prélèvements maximums pour l’ensemble des Etats, dans lesquels des répartitions peuvent s’effectuer entre pays, selon les besoins réels.

Pour un bon suivi de ses recommandations, les experts appellent à la mise en place, dans chaque pays concerné, d’un plan de mise en oeuvre concerté entre l’équipe conjointe d’audit et les administrations auditées. Ce plan comprendra une définition et un chronogramme des actions à entreprendre par ces institutions et organismes, des objectifs visés, des moyens d’action envisagés, des résultats escomptés, des responsables et des délais y relatifs.

Selon le chef de l’Etat tchadien, l’assèchement du Lac Tchad a pris une telle dimension qu’elle est devenue aujourd’hui une préoccupation non seulement sous régionale, régionale et africaine mais une catastrophe écologique sans précédent à l’échelle planétaire. Il a appelé à la sauvegarde rapide de cette étendue d’ eau douce, au coeur du Sahara, qui fait vivre directement plus de 30 millions de personnes fragilisées par les exactions de la secte terroriste nigériane Boko Haram.