PORTRAIT – chaque 20 octobre de l’année, le monde célèbre la journée internationale des cuisiniers. A cette occasion, la rédaction de Tchadinfos vous retrace le parcours d’une cheffe adjointe du service cuisine d’un hôtel de la place.

Une odeur succulente  nous envahit quand nous faisions notre entrée  dans la salle  de cuisine. Des épinards, champignons, noisettes d’oignon et autres versés sur la poêle.  Qui est derrière cette odeur ? C’est Remadji Lucide Pélagie. « C’est elle  qui s’occupe de tous les plats (petit déjeuner) ici », nous informe le chef de cuisine. Pour la rencontrer, nous nous sommes fait orienter dans la cuisine ”chaude”.

« Vous êtes arrivé au moment où  Je suis en train de préparer les roulades du poisson pour envoyer au four », nous dit avec sourire aux lèvres, avant de se questionner:  20 octobre, journée internationale des cuisiniers ? « Mais ça ne se ressent pas au Tchad », s’exclame la dame à la blouse blanche. ”Je n’est jamais entendu parler de cette journée dans les médias tchadiens”.  

Cela fait deux ans qu’elle travaille dans un hôtel de la place. Toutes les commandes pour le petit déjeuner doivent passer par elle. Cette ainée d’une famille de quatre personnes, ne connait pas d’échecs parce qu’elle se met à fond dans les projets qu’elle initie. L’ardeur au travail, la créativité et l’esprit d’équipe est sa devise.

C’est à partir de 2015 qu’elle fait ses premiers pas dans le service hôtelier notamment à l’actuel Ledger Plazza. Deux semaines plus tard, n’étant pas satisfaite du traitement qui lui ai accordé, elle résilie son contrat. Mais la jeune dame ne tournera pas longtemps ses pouces. Quatorze jours est le temps qu’elle met à la maison. Puis, elle décroche un autre autre emploi en qualité de superviseure au restaurant Acoustique. Une autre mésaventure. Elle rejoint par la suite Tropical hôtel où elle fera deux mois, au cours de la même année. Début 2016,  l’hôtel Hilton la récupère. Elle occupera le poste de commis catégorie 3.   C’est dans cet hôtel qu’elle a eut une promotion lui permettant d’être cuisinière ”pleine”. Elle y mettra 6 mois.

Elle ambitionne devenir cheffe cuisinière. Ce qui l’amène à tenir chaque pas gagné, pour avancer sereinement. En 2017, elle signe à Radisson Blu toujours en qualité de cuisinière. Très vite, elle sera remarquée à travers ses “mets envoutants” et deviendra cheffe adjointe de cuisine. C’est dans ce poste qu’elle exerce jusqu’à nos jours.  

Pourquoi tant de sollicitations ? « Je ne sais pas. C’est peut-être dû à mon diplôme », lance Remadji, avec ironie.    

En effet, c’est depuis 5 ans que la vingtaine, a embrassé l’art culinaire. Après l’obtention du baccalauréat en 2010  et assoiffée par le goût de la cuisine, elle débarque pour les études supérieures en  gestion  hôtelière à l’université privée de Yaoundé au Cameroun. Une année après la licence, la fille au teint clair a choisi comme spécialité : la cuisine. « Ça m’intéresse bien, car la gestion c’est un peu de calcul, la littérature etc ».

La jeune dame ponctuelle et au regard timide,  se sent à l’aise dans cet univers des ustensiles malgré les obstacles. « Tout le monde ne peut pas être à l’aise dans un métier, tout de même, ça me permet de me prendre en charge».  Chaque jour la cuisine évolue nous indique-t-elle. « Quand un client commande un plat que nous n’avions pas, je demande à mon chef, et s’il réponds oui, je fais de recherches sur le net pour arriver à préparer ce plat », confie Remadji.

Pourtant, pendant son enfance, elle a voulu être médecin.  Très vite, Remadji avorte ce rêve qui devient aujourd’hui une utopie pour elle. «  Je suis maintenant médecin des aliments ».  À présent, c’est loin de ce rêve d’enfance qu’elle dessine son futur.  « Au fil du temps, j’ai dit non parce que j’ai compris que cela dépend de quel côté je me penche surtout vu mes notes en salle », avoue Remadji, pour ainsi reconnaitre ses limites. 

<<Inchallah, je deviendrai cheffe de cuisine un de ces jours>>, déclare avec espérance la génitrice de 3 enfants. A terme, elle projette ouvrir sa propre entreprise.