Le défenseur arrageois met un terme à sa carrière à 34 ans et va désormais se consacrer à transmettre son expérience aux jeunes du club atrébate.

À Feignies, ses équipiers lui ont fait une haie d’honneur nourrie d’applaudissements chaleureux et de gestes amicaux. Oumar Abakar (34 ans) a décidé de raccrocher. Enfin presque, car le défenseur central arrageois restera à la disposition de l’équipe réserve en cas de besoin. « Il y a un moment où il faut écouter ton corps, explique-t-il. Il y a l’âge, le travail. Les entraînements deviennent difficiles. » Au départ, il imaginait couper complètement avec le football, pour « faire un break. Et puis j’ai rencontré les dirigeants et on a discuté. » Makhloufi Rebattachi, le manager général, lui suggère alors de passer ses diplômes d’entraîneur et de prendre en charge les U14 avec Clément Ansart, « un jeune entraîneur assez doué, qui fait du bon travail, a déjà noté Oumar Abakar. Je veux lui filer un coup de main dans un premier temps, comme peut le faire un joueur expérimenté. »

Oumar Abakar a dans l’idée de rendre au foot tout ce qu’il lui a apporté depuis 1998 et son arrivée en provenance du Tchad. « J’ai fait six ans à Arras, puis cinq saisons à Avion, pour revenir finir ma carrière ici, car c’est ma ville, mon club. » Cela lui aura permis d’être capitaine de l’équipe nationale tchadienne et de compter vingt-quatre sélections au compteur. « J’ai joué contre George Weah ; j’ai croisé, avec l’équipe nationale, des garçons comme l’ancien Monégasque Shabani Nonda, mais aussi Le Guen ou encore Sibierski. » Des expériences très différentes dont il a tiré bénéfice : « Je suis très fier de ma carrière, de mes quinze années à jouer en CFA et CFA2. Mon seul regret, c’est de ne pas avoir eu la possibilité d’entrer dans le monde pro. Le seul choix que j’ai fait, c’est d’aller à Avion. »

Coup de main

Épanoui dans sa vie professionnel et familial (marié, il sera bientôt papa d’une petite fille), Oumar ne veut pas avoir de regrets au moment de tourner la page. « D’abord, je dois remercier ma famille, ma femme qui a accepté beaucoup de sacrifices pendant de longues années. Aujourd’hui, je vis dans de bonnes conditions. J’ai assuré mon avenir. » Dans la région, il a constitué un clan avec ceux qui comptent à ses yeux : « Ici, c’est ma famille, mes amis, mes copains. Pour rien au monde, je ne partirai. J’ai toujours été bien entouré mais surtout les gens d’ici ont beaucoup de respect et de chaleur humaine. » Et s’il a choisi la carrière d’entraîneur, c’est pour entretenir cette proximité. « Il y a un partenariat entre la ligue du Nord et la Fédération tchadienne. Un jour, je voudrais donner un coup de main à mon pays. Je lui dois tant. » Oumar Abakar peut d’ores et déjà compter sur l’appui de Reynald Dabrowski : « Je tiens à le remercier. Il m’a dit que, si j’avais besoin de me former, il me donnerait un coup de main avec l’équipe arrageoise. C’est un très bon entraîneur, quelqu’un de respectable et de respecté. Et ses conseils sont toujours porteurs. »

« M’excuser »

Et puis il y a Jacques Boulnois, président d’Arras-Football et surtout quelqu’un qui compte pour le joueur : « Il est pour beaucoup dans ma décision de devenir entraîneur. C’est un homme avec un grand H. J’ai une relation privilégiée avec lui. J’ai un lien fort avec sa famille, notamment avec son fils Aymeric que j’ai connu dès mes débuts. Quand je suis parti à Avion, il était toujours là pour me soutenir. »

Élégant sur un terrain, défenseur solide, prince du jeu aérien, Oumar pensait, à un moment donné, voir sa fin de carrière prendre une autre tournure : « Je voudrais m’excuser auprès des dirigeants des clubs de l’Arrageois qui m’avaient sollicité pour venir leur donner un coup de main sur le terrain. Je ne le ferai car ma vie, mon club, c’est Arras. Je dois rendre aux jeunes joueurs d’Arras-Football tout ce que le club doit m’a apporté pendant toutes ces années. »

Une nouvelle vie commence pour « Oum », qu’on ne verra plus balader sur les terrains de CFA 2 son sourire, sa bonne humeur, sa disponibilité, son sérieux, son côté gagneur. Il faut bien le dire, il va nous manquer. Mais tant mieux pour les jeunes qui pourront profiter de quinze d’expérience.

Source: lavoixdunord.fr