SANTE – La pandémie de Coronavirus sépare le Tchad et le Cameroun. Ce jeudi, de nombreux N’Djamenois se sont vu refuser l’entrée à Kousseri. Commerçants, écoliers et malades sont tous en colère.

Visages froissés faisant apparaître la colère et la fatigue sont ceux de centaines des commerçant.e.s tchadiens qui se sont vu avec surprise empêcher l’entrée à Kousseri, ville camerounaise, frontalière au Tchad. La raison de leur malheur ? La propagation exponentielle de la pandémie de Coronavirus.

Parmi ces commerçants tchadiens, les femmes sont les plus nombreuses mais ce jeudi, 19 mars traverser le pont leur est strictement interdit. « Il n’y a pas d’entrée à Kousseri, sauf les sorties sont permises », informe un commis de charge à une quarantaine de mètres des deux ponts reliant le Cameroun et le Tchad.

« Ce sont eux les malades de Coronavirus, pas nous », répliquent les commerçantes lassées de négocier en vain l’entrée dans cette ville camerounaise. Pour les Tchadiennes et Tchadiens bloqués du côté tchadien de ce pont, « la mesure des autorités camerounaises est absurde, parce que ce n’est pas nous le danger ».

A 10 heures 16 minutes, un responsable de la police tchadienne s’approche de la foule et demande aux femmes assises sous les arbres de rentrer « chercher le pain » de leurs enfants. « Comme ils ont bloqué l’entrée dans leur territoire, de notre côté également nous ne laisserons pas un Camerounais entré », tente-t-il de calmer. Sans surprise, sa tentative a marché et a reçu l’applaudissement des commerçantes.

Cette mesure ne condamne pas seulement les hommes et femmes d’affaires. Les élèves et autres personnes malades sont également victimes. Assis sur le cadre de son vélo, portant une tenue scolaire d’un lycée du Tchad, Ayang Gédéon ne peut pas rentrer à la maison ce jour. Pourtant ses parents et lui vivent tous à Kousseri. La situation est plus qu’intenable pour lui.

Même les malades qui cherchent à aller se faire soigner à Maltam, parce qu’ils ont des problèmes de vision sont refoulés par la Police camerounaise en masse. « Il n’y a pas de demi mesures ».

« Nous voulons juste aller faire du transfert d’argent à nos frères qui étudient au Cameroun pour leur permettre de vivre mais on nous empêche », vocifère une jeune fille femme, en plein milieu de la foule.

Contrairement à elle, Malloum Gaston s’inquiète pour son activité quotidienne. Tous les matins, ce fils d’un chef de carré de N’Djamena fait les navettes entre les deux pays pour trouver de quoi manger. Son principal travail consiste à aider les femmes dans le transport de leurs marchandises. Une activité qui lui permet de gagner 2 000 à 3 000FCFA par jour, aujourd’hui, la chance n’est pas de son côté. Il plaide vivement pour la réouverture de la frontière mais vu la situation « la santé urge plus que son business » reconnait-il.