CHRONIQUE – L’acte du président de la République révoquant le sultan du Ouaddaï, le 10 juillet dernier pour complaisance dans la gestion de l’affaire des conflits inter-ethniques, a fait jaser tout le pays. Depuis lors, des motions de soutien, des pétitions et même des campagnes pour la succession au trône sont lancées. Entre la manière de choisir et le choix d’un futur sultan, se cache un enjeu.

La suspension puis la révocation du sultan du Ouaddaï a rendu aphone tout un peuple. Beaucoup ont appris cette nouvelle avec un mélange de curiosité et un sentiment de rejet.  Incompréhension et colère. Un choc. Mais les Ouaddaiens se sont très vite rendu compte que leur « Kam Kallak » qui signifie « le grand » en maba, langue locale, n’a pas su incarner l’autorité et le charisme de ses ancêtres. Il n’a pas non plus su garder les valeurs d’un royaume dont les origines remontent au XVII ème siècle. La grandeur de ce royaume résulte des luttes certes mais toujours avec ceux venant de l’extérieur. La flopée d’ethnies qui y ont vécu ne se sont jamais guerroyées.  

La guerre de succession

Depuis quelques jours, deux noms émergent à Abéché et même ici à N’Djamena. Il s’agit de Chérif Abdelhadi Mahdi, fils de Abdelhadi qui est à son tour le fils du sultan Ali Dinar connu sous le nom de Abou Saridj Barah et le prince Youssouf Mahamat Saleh Ali Silek qui est le descendant du sultan Ali Silek. De loin ou de près, ces deux prétendants au trône, sont tous rattachés à la famille royale.

Cherif Abdelhadi/ph Al-mardi Charfadine/Tchadinfos

Le premier bat campagne auprès des ressortissants de la région à travers un programme bien élaboré et le second a été choisi par une pétition qui a été lancée au mois de juin et qui a réuni 41 513 signataires englobant l’ensemble des populations du Ouaddaï géographique. Si Chérif dit à travers son programme que nous avons consulté, restaurer la paix dans la région, la reprise de la structure du sultanat du Dar Ouaddaï et son développement, Youssouf Mahamat Saleh ne s’est pas encore prononcé.

Youssouf Mahamat Saleh/ Ph Al-mardi Charfadine/ Tchadinfos

De toutes les façons, la succession d’un sultan révoqué ou décédé se fait de manière concertée entre sages et concernés. L’Etat et ses affluants doivent rester au plus près et en même temps distancés de la fumée blanche. La moindre ingérence pourrait démolir, 419 ans d’histoire.