Environ 30 conducteurs de tricycles se trouvent à Kousséri, ville camerounaise depuis 72 heures. Ils refusent de retourner au pays et réclament que le gouvernement leur autorise officiellement la libre circulation entre les deux pays.

Ces personnes handicapées sont à Kousseri, la ville camerounaise en face de N’Djamena et refusent de retourner au pays. Ils ont forcé le passage du pont de Ngueli le lundi dernier pour se rendre à Kousséri. ’’Nous ne retournerons pas s’ils ne nous présentent pas des documents qui attestent officiellement que nous pourrons circuler librement entre le Tchad et le Cameroun’’, lance l’un d’entre eux.

Assis sous un manguier derrière la Direction de la Douane de Kousséri, le sujet est au centre de leur causerie. ‘’Nous ne cherchons pas à occuper des postes ministériels ni être DG dans une institution de l’Etat.  Nous cherchons juste le pain quotidien pour notre famille’’.

Le mobile qui les a poussés à partir est le refus des autorités aux personnes handicapées de traverser le pont de Ngueli, indique Allahdoumgar, l’un d’eux assis devant son tricycle. ’’Les autorités tchadiennes nous ont dit de laisser les tricycles au Tchad et ramper pour venir au Cameroun. C’est une situation que depuis ma naissance je n’ai jamais vu’’, déclare le porte-parole des personnes handicapées réfugiées à Kousséri, Ali Oussignbedé Justin. Ils comptent rester aussi longtemps que possible si le gouvernement ne résout pas ce ’’problème’’. ’’ Nous voudrions qu’on nous trouve des solutions idoines sinon même six mois on restera ici. Quand nous sortons pour aller dans les bureaux on nous assimile à des mendiants, même en allant à l’église et mosquée c’est la même chose. Où est notre part dans la société ?  Traverser avec nos tricycles c’est un problème? Ils nous interdisent. Ce n’est pas la peine de rester au pays. Nous préférons mieux mourir au Cameroun’’.

Depuis l’ouverture du pont de N’gueli il y a un mois, il est interdit aux engins à deux roues et tricycles de traverser. Les policiers, gendarmes et douaniers installés à la frontière opposent un refus catégorique. Seuls les piétons et véhicules peuvent passer. La situation du pont de N’gueli n’est pas nouveau rappelle le porte-parole de la police nationale, le commissaire Paul Manga. ’’C’est une mesure qui date de longtemps’’. Pour lui, cette mesure est liée à la question sécuritaire ’’par rapport à la montée des terroristes’’, explique-t-il car ’’les brigands utilisent les engins à deux roues pour commettre leurs forfaits’’.