SOCIETE – Dans une note circulaire diffusée en février, les autorités tchadiennes interpellent les ONG sur leur devoir de neutralité. Un  rappel à l’ordre qui intervient après la marche interdite du 06 février.

“Il nous a été donné de constater que certaines Organisations non gouvernementales (ONG) ont dévié totalement de leur rôle traditionnel pour s’immiscer dans le jeu politique en adoptant des positions ouvertes à la suite de la marche de certains leaders politiques et de la société civile“. C’est en substance le message que l’on peut lire dans une note circulaire émise par le secrétariat permanent des ONG et affaires humanitaires.

Ce rappel à l’ordre est fait à la suite de la marche du 6 février initiée par les Transformateurs et soutenue par plusieurs partis politiques et membres de la société civile. Une marche formellement interdite par les autorités tchadiennes, le ministre de l’Administration du territoire estimant que “le rassemblement d’une foule nombreuse sur la voie publique engendre des troubles à l’ordre public“.

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Cette prise de position publique est contraire l’autorisation de fonctionner ou protocole d’accord de coopération qui leur est accordé par le gouvernement s’agissant notamment de la limite de leurs domaines d’actions“, a déploré dans la note Djimet Soudjimadji, le secrétaire générale des ONG et des affaires humanitaires.

 

Selon la note circulaire, le respect des textes de la République doit être de rigueur : “J’attire vivement l’attention de toutes et de tous à l’observation de leurs cahiers de charges, et compte sur leur sens aigu de responsabilité pour éviter des éventuels désagréments à l’avenir.

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Le secrétariat permanent des ONG et des affaires humanitaires appliquera les textes en vigueur “si de telles situations de prise de parole en public à caractère politique hors cadre des ONG venaient encore à se produire“, nous indique une source au sein du ministère de l’Economie.

Les ONG réduites au silence ?

La plupart des ONG résidentes au Tchad n’ont pas réagi à la note circulaire. “Nous sommes contraints jusqu’à présent à ne pas réagir officiellement face à cette crispation politique, tractations et aux violations des droits de l’homme“, confie une source humanitaire présente au Tchad. “Nous sommes entre le marteau et l’enclume“, indique une autre source humanitaire à N’Djamena précisant que les législations envers les ONG ont “été durcies” depuis décembre 2019.

Deux décrets mis en place le 24 décembre 2019 ont modifié la réglementation sur les ONG étrangères présentes dans le pays. Elles avaient dénoncé trois dispositions, notamment celles concernant un contrôle accru du personnel humanitaire et des lieux d’intervention.