Les grognes répétitives des travailleurs de l’administration publique sont une bombe à retardement pour le pays.

Il est un secret de polichinelle que les travailleurs du secteur public tirent le diable par la queue. Les longues files indiennes qu’ils dressent devant les banques à l’annonce de leurs paies, renseignent plus d’un sur la précarité qu’ils vivent. Des paies quelquefois déclenchées à la suite des menaces de grève et/ou grèves parfois sèches.

Presque toutes les institutions de l’État sont touchées par les protestations. Et même certains syndicats, habituellement plus conciliants d’avec le pouvoir, ne supportent plus la dèche dans laquelle ils se trouvent. Mis dos au mur comme leurs camarades de lutte, ils tambourinent désormais sur tous les toits pour se faire entendre. C’est dire que la lutte, surtout celle légitime, finit par emporter sur tout intérêt mesquin. Même si elle ne fait que commencer.

Après expiration, le 21 septembre courant d’une grève d’avertissement d’une semaine, le Syndicat national des enseignants et chercheurs du supérieur ( SYNECS), a aussitôt renouvelé, son mot d’ordre de grève pour la même durée. Il réclame l’apurement des arriérés de salaire, primes et indemnités de ses membres. Ce durcissement de la position du SYNECS se justifie, selon son président, Dr Guirayo Jérémie, par le fait que « le Conseil militaire de transition (CMT) et son gouvernement persistent dans leur logique de mépris » à son égard.

En dépit de sa grève sèche lancée depuis le 24 août dernier, pour revendiquer sept mois d’arriérés de salaire, le Syndicat national des agents des postes et de télécommunication (SYNAPOSTEL), se heurte au mutisme des dirigeants. Il dit tenir pour « seules responsables les autorités » de tout ce qui adviendrait. Les techniciens de surface de l’Hôpital général de référence nationale sont eux aussi entrés dans la danse, le lundi, 13 septembre, en brandissant onze mois d’arriérés de salaire. L’on abuse très souvent de notre patience, fulminent certains travailleurs.

Par des débrayages, fin juin et début juillet derniers, les enseignants de l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS), ont fini par reprendre service, comme le personnel du Centre de contrôle de qualité des denrées alimentaires ( CECOQDA). Ils semblent retrouver le sourire. Pour combien de temps ?

Ayant des agents qui se démènent comme un beau diable, pour accomplir leurs tâches, l’État devrait penser à rationaliser ses ressources pour les satisfaire conséquemment. Car de frustration en frustration, ce sont les patients qui finiront par en pâtir dans les hôpitaux, les élèves dans les salles de classe, et plus généralement, tout usager du service public.