REPORTAGE – Contrairement aux manifestations du 27 avril dernier, la marche pacifique organisée par Wakit Tama aujourd’hui 8 mai a été peu suivie.

Pour rappel, les manifestations du 27 avril avait suscité une forte mobilisation à N’Djamena, notamment dans les 6ème, 7ème et 9ème arrondissement et principalement dans les villes du sud du pays. Il y a eu des pneus brûlés, des troncs d’arbres, du béton armé pour bloquer la circulation. Les forces de défense et de sécurité débordées, se sont livrées à des arrestations, coups et blessures, tirs à balles réelles et de gaz lacrymogènes, violations de domicile, etc. Les manifestants ont aussi vandalisé des édifices, caillassé des véhicules, jeté des pierres et bouteilles… Bref, la ville était en ébullition.

En revanche, aujourd’hui 8 mai, l’appel à la marche de Wakit Tama est moins suivi. A Moursal, dans le 6ème arrondissement par exemple, une accalmie règne malgré les inquiétudes de la population à la veille. Sauf quelques manifestants regroupés au terrain Fest’Africa qui ont été rapidement dispersés par des policiers massivement déployés sur le terrain. Des témoins parlent de tirs à balles réelles et dénombrent sept blessés. Des journalistes de RFI ont été brièvement arrêtés et leur matériel de travail confisqué.

A Chari-Mongo dans le 7ème arrondissement, rien n’a été rapporté. La population vaque normalement à ses occupations. Mais il faut noter des défilés des colonnes de pickup de la police.

Walia (9ème arrondissement) où les manifestations ont été particulièrement violentes le 27 avril est aujourd’hui calme. Mais il y a un impressionnant déploiement policier.

Au quartier Atrone, il y avait également, le 27 avril, des centaines de pneus consumés dans des rues sur des centaines de mètres, précisément, du rond-point du 10 octobre jusqu’à la station ”Palmal”. Aujourd’hui, tout semble revenir à la normale. Les débits de boissons sont ouverts ce samedi.

En province, des manifestations sporadiques ont été signalées.

Des raisons de la faible mobilisation

Les jeunes, principaux manifestants semblent fatigués des manifestations. “Les organisateurs envoient leurs fils hors du pays, à l’abri des balles réelles. Ce sont les enfants des autres qui meurent. Ceux-ci ont compris le mauvais jeu des leaders”, fait remarquer une dame qui ingurgite des calebasse de ”bili-bili” dans un cabaret de Dingangali. Le fort dispositif répressif, ayant entraîné une dizaine de morts le 27 avril hante encore les esprits. “On ne veut plus prendre des balles inutilement alors que le pouvoir bénéficie du soutien de la communauté internationale”, lance un jeune à Chagoua.

Un enseignant vacataire habitant Walia, affirme sous l’anonymat, que “certains manifestants ont désormais peur vu la répression de la police. Mais aussi que beaucoup ne sont pas sortis marcher parce que des leaders de leurs formations politiques ayant rejoint le gouvernement de transition leur ont déconseillé de manifester (…)”.

A rappeler que la plateforme Wakit Tama dénonce à travers ces actions de protestation la mise en place du Conseil militaire de transition et l’ingérence de la France dans les affaires internes du Tchad.