Rouvert le 20 juin pour permettre la fluidité des échanges entre le Tchad et le Cameroun, le pont de Ngueli reste inaccessible aux personnes handicapées. Une situation qui rend la vie difficile à ces dernières.

Dès l’ouverture du pont, chaque matin et jusqu’à sa fermeture peu avant le coucher du soleil, des milliers de commerçants l’empruntent.  Pour la plupart des commerçants qui acheminent des marchandises de l’autre côté de la frontière et vice-versa, beaucoup sont à pied.  Les véhicules traversent sous des contrôles des agents de la douane camerounaise et tchadienne placées aux extrémités du pont. Les motocyclistes notamment engin à deux roues et trois roues, eux se voient refuser l’accès au pont par les éléments de la Police en faction à l’entrée de celui-ci. Des barrages sont installés à l’entrée de la voie.

Moustapha Mahamat Ben, personne handicapée, arpente l’espace vide près du poste de Police. Il cherche des potentiels clients pour transporter leurs marchandises. ’’Pauvres que nous sommes, ils nous ont refusé l’accès au pont y compris les chauffeurs de pousse-pousse’’, se lamente-t-il, baignant dans la sueur qui coule sur son visage. Une situation qui a duré des mois et qu’il trouve intenable. ’’C’est nos tricycles qui constituent nos pieds et qui nous donnent à manger. Nous sommes bloqués depuis une année et quelques mois. Nous n’avons rien à manger’’, se plaint-il.

Comme Moustapha, plusieurs personnes handicapées du côté tchadien se trouvent dans le même pétrin. ’’ A l’heure actuelle, nous ne savons quoi faire. Nous sommes nombreux. Certains sont encore en route pour nous rejoindre. Nous passons toute la journée sous ces manguiers et rentrons le soir bredouille’’, renchérit Alkhali.

Les personnes handicapées ne comprennent pas jusque-là les mobiles exacts de ce refus. Pour les uns, c’est une stratégie de la Police pour se faire de l’argent. ’’Ils ont ouvert des parkings à proximité du lieu pour amener les gens à garer leurs engins et payer’’, laisse entendre un handicapé.

Le mouvement d’action populaire aux personnes handicapées informe avoir mené des démarches auprès des autorités en charge mais l’attitude des policiers reste la même. ’’Nous avions envoyé une note de nos revendications accompagnées des soit-transmis et des comptes-rendus que nous avions eus avec le directeur du cabinet du Premier ministre au ministère de la Sécurité publique. Ceux du ministère de la Sécurité ont répondu qu’ils ont déjà ouvert le pont. Sur le terrain rien n’est fait’’, a indiqué le coordinateur dudit mouvement Mbaihodji Djingambaye Ghislain.

Les personnes handicapées demandent donc l’intervention directe des autorités. ’’Nous voudrions que le gouvernement ordonne aux policiers de nous laisser passer afin que nous trouvions le peu de nourriture pour nos familles’’.

Pour rappel, le pont de Ngueli reliant N’Djamena et le Cameroun à travers la ville de Kousséri a été rouvert par le Tchad le 17 juin et le 20 juin 2021 côté camerounais. Il a été fermé en mars 2020 à la suite de l’apparition de la pandémie de Covid-19.