Un climat délétère règne à N’Djaména, avec les cas de meurtres et de violences qui se succèdent dernièrement.

« Personne ne dort sur ses deux oreilles », s’inquiétait Max Kemkoye, président de l’Union des démocrates pour le développement et le progrès (UDP), lors d’une d’interview accordée à Tchadinfos, à l’occasion des 100 jours du Conseil militaire de transition (CMT) à la tête du pays. Le constat est en effet réel et préoccupant. Si par le passé, l’on décriait l’insécurité qui sévit à N’Djaména à cause des rapines de quelques petits délinquants, aujourd’hui, certaines personnes s’illustrent, en sortant des armes de guerre pour se rendre justice.

Il ne se passe pas un jour sans que l’on puisse entendre des coups de fusil. Sans que l’on parle des assassinats. Et ceux qui sont mis en cause appartiennent généralement à la classe dirigeante du pays. Pendant ce temps, la Police et la Gendarmerie nationales mobilisent caméras et micros pour présenter les « petits bandits » à l’opinion.

Le 11 juillet dernier, sur l’avenue Maldom Bada Abbas, un motocycliste reçoit deux balles tirées à bout portant par un quidam se trouvant à bord d’un véhicule à vitres fumées. Il meurt sur place. Le présumé meurtrier repart sans être inquiété. Pourtant, un commissariat de police se trouve aux alentours du lieu du crime. Cette scène horrible s’est passée en pleine capitale. Les images sont très vite relayées sur les réseaux sociaux et la Police annonce quelque temps après que l’un des présumés assassins est mis aux arrêts.

Quelques jours plutôt, c’est un officier de police, chef d’antenne des renseignements généraux au commissariat d’ordre public n°15 qui abat son adjoint dans son bureau. Il a été révoqué du corps de la police nationale, avec suspension des droits à pension.

Comme à l’accoutumée, des mesures suivent ces genres d’évènement malheureux pour calmer les esprits. Le 13 juillet, par l’arrêté n°9, le Premier ministre de transition, Pahimi Padacké Albert, annonce notamment que la détention illégale d’arme des guerres est interdite.

Dans la foulée, des repaires dangereux sont rasés dans le 8e arrondissement. Cette opération dénommée « harmattan » tenait jusque-là ses promesses. Mais, le mal est profond. Hier 4 août, c’est l’ex-directeur général des douanes, Abdelkerim Charfadine, qui a été attaqué par des individus armés. Son véhicule a été criblé de balles et l’on rapporte que l’un de ses proches a été blessé. Un peu plus de 5 heures après les faits, la Police annonce l’arrestation d’une des personnes impliquées dans ce qui s’apparente à un règlement de comptes.

Le 24 juin dernier, le magistrat Djouma Mahamadene a été outragé, subi des violences et séquestré par les éléments du directeur général de la police nationale, parce qu’il aurait circulé avec un véhicule à vitres fumées, selon son avocat, Me Taira Stéphane. Ce dernier a déposé une plainte et appelé le procureur à s’investir dans cette affaire qui intervient après le tollé général au sein du corps judiciaire à la suite de l’assassinat du procureur de Oum Hadjer, Mahamat Hamba, par un justiciable, le 23 juin 2021.

Décidément, N’Djamena renoue avec ses vieux démons : ces « intouchables » qui narguent tout sur leur passage. Même l’autorité de l’État. C’est à craindre le pire !