Dans le 3ème numéro de notre dossier concernant le poids de la tradition sur les filles et les femmes, en matière de partage d’héritage, nous nous intéressons aujourd’hui à la situation des veuves.

Les veuves sont, la plupart du temps, dépossédées de leurs droits d’héritage. Elles sont nombreuses à voir leurs droits en tant que veuves confisqués par leurs belles-familles. Parfois, malgré les combats judiciaires, les veuves ne parviennent pas à reconquérir leurs biens. C’est le cas de Véronique Matibeye, veuve et mère de 3 enfants. En 2003, elle vivait avec son mari au quartier Abéna, dans la commune du 7ème arrondissement. Lorsque son mari était décédé, elle a dû faire face à l’acharnement des membres de sa belle-famille qui cherchait par tous moyens à confisquer les biens de leur défunt frère.

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D’abord, Véronique Matibeye a été empêchée d’entrer dans la chambre qu’elle occupait avec son mari. « Ils ont hermétiquement fermé la porte parce qu’ils croyaient que si j’avais la possibilité d’entrer dans la chambre, j’allais ramasser certaines choses de valeur », disait-elle d’une voix posée et anxieuse. Comme cela ne suffisait pas, 40 jours après l’enterrement de son mari, « ils ont décidé lors d’une réunion de famille, de ramasser et se distribuer les biens de mon mari et moi. Mêmes les papiers des terrains qui devraient nous revenir de droit à ma fille et moi ont été confisqués », confie-t-elle.

Après une vingtaine d’année de calvaire et près d’une dizaine d’année de combat judiciaire avec sa belle-famille, le problème n’est pas encore résolu. Lassée par cette histoire, Mme Matibeye a décidé de tout laisser tomber et de continuer la vie. « Je suis aussi fonctionnaire de l’Etat, je vais leur montrer qu’avec ou sans les biens que nous avons eus avec mon mari, je vais vivre et heureuse même », se console la veuve qui semble ne pas perdre espoir.

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