Esso qui exploite le pétrole du bassin de Doba depuis 2003 a entrepris de vendre ses parts à la société Savannah Energy. Ce qui a amené son personnel à poser plusieurs exigences. Esso vient de faire une offre de prime de séparation que le personnel trouve ridicule.

1 000 dollars US, soit environ 650 000 FCFA, sur le prix de vente de ses actifs (qui sont en réalité des bénéfices), estimés à quelque 2 milliards de dollars US, soit 1 200 milliards Fcfa, en plus de 3, 5 milliards de bénéfices, réalisés pendant ses dix-huit ans d’exercice au Tchad. C’est le montant qu’Esso a proposé à chaque employé comme prime de séparation, qui constitue l’un des points de revendications du personnel. Le personnel, qui réclame 50 à 72 mois de salaire brut, précise que les moyens pour satisfaire ses revendications ne représentent même pas les 2% de la valeur de la vente. Pour le personnel, la proposition 1 000 dollars américains à chaque employé tchadien est une insulte.


Les négociations entre les deux parties n’avancent plus depuis quelques jours. La direction générale d’Esso-Tchad tente par tous les moyens de conduire une équipe de la société Savannah, sur le site pétrolier de Doba, en vue de conclure la dernière étape de la vente. Des sources confirment qu’une nouvelle équipe, qui a la charge de gérer la phase transitoire, est à N’Djaména. L’équipe de la direction générale actuelle quittera une fois que cette étape aura été franchie.

Le personnel s’oppose à cette visite, car il estime qu’il n’y a aucune garantie pour son cas, de l’équipe de Savannah. Pendant que le personnel réclame une garantie écrite signifiant que cette étape n’est pas la dernière, la direction générale d’Esso-Tchad continuerait de chercher plutôt d’autres possibilités pour conduire l’équipe de Savannah Energy sur le terrain.

Au champ pétrolier de Doba, les employés sont très remontés contre les agissements de leur employeur. Des sources du ministère du Pétrole et de l’Energie signalent aussi que cette étape est la dernière, et que le gouvernement doit agir. «Si on laisse Esso Tchad conclure sa vente avec Savannah, même le Tchad n’entrera dans ses droits qu’au tribunal arbitral de Paris, en France. En effet, le gros problème reste plutôt entre l’Etat tchadien et Esso, qui devraient, normalement, s’entendre préalablement sur un certain nombre de points. Il y a des engagements qu’Esso doit respecter avant tout départ. Un calcul rapide permet de comprendre que pas moins de 1 000 milliards américains doivent être versés au Tchad», confie un juriste, spécialiste des dossiers pétroliers.

Une vue du personnel d’Esso

Les négociations au point mort

Il faut rappeler que les négociations entre les deux partis qui ont repris le 9 août 2021, après une suspension d’une semaine, sous la conduite d’un inspecteur de Travail et de représentants des ministères du Pétrole et de la Fonction publique, n’ont donné aucun résultat escompté.

Jusque-là le seul point évacué à l’issue des six précédentes sessions de négociations est celui relatif au plan d’épargne retraite. Parmi les cinq autres points de revendication du personnel qui restent, le comité de négociations a aussi suggéré que le point lié à la convention sanitaire pour les retraités d’Esso soit suspendu pour communiquer avec les concernés avant d’en débattre.

Selon des experts, Esso-Tchad, détenant 41% des actions et exploitant le champ pétrolier de Doba depuis 2003, après avoir rentabilisé son investissement depuis 2012, n’engrange plus que des bénéfices d’activités assurées à plus de 97% par des employés tchadiens. La satisfaction des revendications des employés d’Esso, rassurent-ils, ne sortira ni de la caisse de l’Etat, ni de ses actions dans le consortium. En réalité, la société Esso vend plutôt une part de ses bénéfices, dont elle refuse de partager une infime partie avec le personnel qui les a réalisés.

Le personnel d’Esso-Tchad revendique la restitution intégrale du plan épargne retraite, une prime de séparation, une régularisation des droits sociaux, le solde de tout compte, un plan médical, un remboursement de solde de crédit des employés et une convention sanitaire pour les retraités, etc.