Ce 11 août 2018, le Tchad commémore ses 58 ans d’accession à la souveraineté nationale et internationale. De 1960 à nos jours, bien de choses ont été réalisées et beaucoup reste  encore à faire, notamment dans le domaine de l’éducation et du social.

Pour rappel, sur le plan éducatif, deux ans seulement après son accession à l’indépendance (1962 à 1966), le premier Président Ngarta Tombalbaye, a fait intervenir dans l’éducation « la Tchadisation et la RURALISATION », deux concepts pédagogiques qui entrent en rupture totale avec les idées pédagogiques reçues de l’Occident. Cela marque donc le début d’un système éducatif purement tchadien. Malheureusement, cette initiative a eu une durée de vie éphémère et jusqu’à présent, le système éducatif du pays peine à être stable. L’éducation tchadienne évolue de réformes en réformes mais laisse paraître aucun espoir, car le pays s’enfonce davantage dans ce que la Banque Mondiale appelle à raison « la crise d’apprentissage ».

Les causes de la chute de l’école tchadienne après la colonisation

Vers les années 1970, le Tchad a mis en place une politique d’emploi d’enseignants dont les conséquences néfastes vont se sentir avec le temps et atteindront le sommet du non-retour vers les années 2000. Il s’agit du recrutement des personnes n’ayant reçu aucune connaissance ou orientation pédagogique. C’est ce qui explique aujourd’hui en grande partie la baisse de niveau criarde dont souffre l’école tchadienne. Depuis les années 2000, le taux d’admission au baccalauréat ne fait que  régresser. Deux raisons peuvent expliquer ce problème : la pléthore des élèves dans les classes et les grèves à répétition.

Jadis, il était rare de voir dans une classe le nombre des apprenants dépassant 30. Mais aujourd’hui, même la petite classe ne comporte pas moins de 100 élèves. Ce qui rend difficile la transmission des savoirs. Certes, depuis quelques décennies, des progrès considérables ont été faits dans ce domaine, notamment la multiplication des écoles et universités sur toute l’étendue du territoire national mais cela ne résout pratiquement pas encore le problème. Les années académiques sont souvent perturbées par les grèves interminables, initiées parfois par les enseignants ou par les élèves et étudiants pour réclamer des meilleures conditions de travail et d’études. Tout ceci amène à réduire les possibilités d’acquisition des savoirs des apprenants.

Sur le plan social, le bilan est mitigé. L’exploitation du pétrole depuis  2003 censée alléger la souffrance de la population en améliorant leurs conditions de vie n’est jusqu’à présent une utopie pour la majorité des citoyens. La mauvaise gouvernance reste le principal obstacle au développement du pays et à la stabilité sociale. Des efforts ont étés consentis mais le problème ne fait que persister. En mai dernier, le Président de la République, Idriss Deby Itno, a opéré une énième modification de la Constitution, laquelle lui permet de gouverner sans premier ministre, ni vice-président. En cette 58ème année de l’indépendance du Tchad, le peuple attend de voir si cette modification de la Constitution améliorera son quotidien.