Pour économiser leur argent, certaines personnes, beaucoup plus les femmes, voient en la tontine, une stratégie efficace.  Dans leurs lieux de travail ou dans leurs quartiers, elles se réunissent en groupe pour verser quotidiennement, hebdomadairement, voire mensuellement une somme d’argent qu’elles doivent gagner à tour de rôle. Toutefois, cette pratique comporte des inconvénients.

S’assurer une sécurité financière, tel est le principal souci qui amène les gens, notamment les femmes à organiser les tontines. De l’argent mais aussi et parfois des boules de savon, c’est ce que chaque membre doit donner une fois par jour, par semaine ou par mois au groupe. C’est une forme d’épargne qui ressemble beaucoup plus à une entraide. Car, en cas de cas social, les membres s’arrangent à apporter leur assistance.

« C’est difficile pour moi de cotiser de l’argent à la maison. C’est grâce aux tontines que je fais par ci, par là que j’arrive à m’en sortir et réaliser mes projets…sinon ce serait difficile », témoigne Zara, vendeuse des légumes dans un marché de N’Djaména.

Si dans certains groupes de tontine, les membres doivent épargner de l’argent et du savon, dans d’autres, à chaque fois qu’il y a une rencontre des membres, chacune doit apporter, en plus de l’argent et du savon, une pièce de 50FCFA pour la préparation du thé.  « Le thé, c’est juste pour nous permettre de rester discuter pendant quelque temps », explique une membre d’un groupe de tontine.

Les inconvénients de la tontine

Mais ce n’est pas dans tous les cas que la tontine aide. Quand elle finit en queue de poisson certains membres sortent perdantes, parce qu’ils ont passé leur temps à cotiser pour d’autres, en espérant avoir leur tour un jour. Cette situation, Amina Youssouf l’a connue ; elle qui s’est engagée dans un groupe de tontine de 100 000FCFA par mois mais qui malheureusement a passé six mois à cotiser sans percevoir sa part à la fin. « C’est une mauvaise expérience pour moi et depuis, tout ce qui est tontine je ne regarde pas », dit-elle avec un pincement au cœur.

Qui dit tontine, dit parfois détournement de l’argent destiné aux rations alimentaires, dans certaines familles où la femme ne travaille pas mais veut absolument être dans différents groupes de tontines. C’est ce que déplore la sexagénaire Hadjé Zanaba.

Il faut savoir que dans cette histoire de tontine, les cheffes, c’est-à-dire celles qui doivent garder l’argent du groupe sont les plus exposées aux menaces des membres, en cas de perte ou lorsqu’un membre ne donne pas sa cotisation.

Zara Sakawa, stagiaire