EDUCATION – Au Tchad, les enseignants et les élèves entament des rattrapages intensifs à l’approche des examens. Avec d’un côté, le besoin d’argent des enseignants et de l’autre, la volonté de réussir des élèves.

Quartier Atrone à N’Djamena. Dans la cour d’une école, Djerabé Mbaididje, enseignant vacataire depuis sa sortie de la faculté des sciences exactes et appliquées de Farcha en 2015, trie des exercices de mathématiques. Habillé en blouse blanche, l’homme de 27 ans doit en traiter au moins quatre en deux heures. Un petit défi avant de les proposer à ses élèves de 3e qui vont composer le Brevet d’étude fondamentale (Bef). La course contre la montre est bel et bien lancée.

On est à cinq jours des examens. Et l’enseignent doit se rattraper compte tenu de la date des examens avancée. « Si les examens sont maintenus au 24 juin comme prévu, je n’aurais pas de mal à avancer dans mon programme. Maintenant que les examens sont ramenés au 17 juin, je suis obligé d’aller très vite, histoire de finir avec les types Bef », explique lamentablement ce professeur de mathématiques.

A LIRE AUSSI : l’enrôlement biométrique des candidats au bac 2019 a commencé

En attendant, les élèves arrivent peu à peu. Il est presque huit heures dans la cour de l’école. L’une des écolières, Léa, s’arrête pour faire voir son exercice à son enseignant. Un bref coup d’oeil et après deux minutes, Djérabé la renvoie en classe et lui promet qu’ils reverront l’exercice ensemble. Le professeur se lève. Direction : la classe.

Un business lucratif ?

Les cours de répétition ont un objectif : pour le prof de maths, ils permettent de « mettre à la page certains élèves en retard dans leurs cours ». Simplement ça ? Où existe-t-il encore un objectif caché ? Djasrabé Mbaididje répond en rigolant : « Absolument. Surtout pour un chômeur comme moi. C’est au nombre des heures que les élèves s’organisent pour me payer ». L’argent est donc une source de motivation…

Un peu plus loin, Laurence, une élève du quartier Atrone, participe à ces cours de rattrapage pour acquérir des connaissances supplémentaire. Cette adolescente fait pour sa première fois ce genre de cours et ce, dans un contexte particulier : elle a manqué plus de trois mois de cours pour cause de maladie. « Je dois me rattraper. C’est pour ça j’ai demandé à mes parents de m’inscrire aux cours de répétitions », désenveloppe la jeune fille de 15 ans.

Impact positif pour les élèves

A ce prix, les cours de répétition ont-ils un impact sur l’avenir des élèves et candidats aux examens ? Pour Djérabé, ils permettent à l’élève d’aller plus loin. « L’année passée, sur 14 élèves en classe de troisième que j’ai travaillés avec eux, 11 élèves ont eu leurs brevets. Pourtant, ils ont eu d’énormes problèmes au début. Cela témoigne de son impact positif », confie avec fierté l’enseignant.

A LIRE AUSSI : les élèves s’activent dans les places publiques sur les préparatifs du baccalauréat

Un bilan positif certes, mais les cours de rattrapage, selon Jacques Béringar, expert sur les questions de l’éducation, peuvent avoir un impact négatif sur les élèves : « Le changement des enseignements aux derniers moments peut faire basculer le rythme de l’élève et s’il ne fait pas attention, il peut trébucher. » Il conseille donc aux élèves de faire une synthèse afin de rehausser leur niveau.

Sujets du Bef

De retour en salle de classe, 24 élèves et leur enseignant traitent les sujets du Bef. Nous pouvons lire au tableau des propriétés comme celles de Thalès et Pythagore. Ajouter à celles-ci des équations traitées par Djérabé.  On est à 11 heures, plus de trois heures passées à traiter les « exos ».

Les mains couvertes de la poudre de craie, le jeune professeur de mathématiques met fin à la séance de répétition. Direction : la cour de l’école, là où il était assis avant son entrée en classe. Il est l’heure de se laver les mains et se préparer pour une autre séance de rattrapage.