Initiée habituellement par un groupe d’individus, une association, un mouvement ou un parti politique, la désobéissance civile, d’après la théorie juridique, est définie comme une forme de résistance passive qui consiste à refuser d’obéir aux lois ou aux jugements d’ordre civil jugés iniques.

La désobéissance civile a pour objectif d’attirer l’attention de l’opinion publique sur le caractère inique ou injuste d’une loi dans l’espoir d’obtenir son abrogation ou son amendement. Elle vise aussi et surtout à contraindre les gouvernants à se plier devant le peuple afin qu’ils gouvernent selon ses aspirations d’où ils tirent leurs pleins pouvoirs de gouvernance.

Elle doit être caractérisée par un mouvement collectif et un acte public ayant une valeur symbolique pour sensibiliser la population victime d’une injustice sans précédent, endormie par les basses manœuvres des gouvernants.

Ses principes et modes d’action ont été exposés pour la première fois en 1849 par Henry David Thoreau, écrivain et juriste américain dans son essai intitulé « la désobéissance civile ». Il faisait suite à son refus de payer un impôt devant financer la guerre contre la Mexique. Pour lui, c’est de l’individu que l’Etat détient son pouvoir. Donc, il est inadmissible de se soumettre devant les décisions illégales et injustes prises par lui.

Notons aussi la désobéissance civile organisée par Mohandas Gandhi. Le mot d’ordre était “satyagraha” signifiant « chemin de la vérité », pour dénoncer les lois injustes de l’empire colonial britannique et qui a abouti à l’indépendance de l’Inde. Il y a également le mouvement de droits civiques dirigé par le pasteur Martin Luther King aux Etats Unis pour faire abolir les lois sur la ségrégation raciale.

Aujourd’hui, beaucoup de théoriciens pacifistes, estiment qu’on ne peut parler de la désobéissance civile que lorsqu’elle réunit les éléments suivants : l’appel à des principes éthiques supérieurs, l’utilisation des moyens pacifiques et l’acceptation de risque de sanctions, car elle reste après tout, une infraction intentionnelle et consciente.

Interdite dans un régime autoritaire, beaucoup d’acteurs de la désobéissance civile y voient une valeur ajoutée à la démocratie permettant d’éclairer la majorité silencieuse lors de dérives. C’est le seul moyen, estiment-ils, de régénérer la démocratie et de la renforcer en revenant à ses principes fondamentaux. Toutefois, la Constitution de beaucoup de pays démocrates comme le nôtre y voit en elle un droit imprescriptible et irréfragable reconnu aux citoyens sans distinction de statut.