DAKAR, 5 mars (xinhua) — Un procès équitable de l’ ancien président du Tchad, Hissène Habré, récemment renvoyé devant un tribunal d’assises, marquera la fin de l’ impunité en Afrique, ont soutenu plusieurs défenseurs des droits humains, des universitaires et experts, au cours d’ un débat public, mercredi, à l’ Université de Dakar.

“Une réussite de ce procès sera une avancée significative pour l’ Afrique en matière de lutte contre l’ impunité” qui est “un combat que tous les Africains doivent mener”, a déclaré Fatou Kama de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’ homme (RADDHO), une ONG basée à Dakar.

La Chambre africaine extraordinaire d’instruction a renvoyé l’ancien président du Tchad devant la Chambre africaine extraordinaire d’assises pour y être jugé pour “crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture”. La date du procès de l’ancien président tchadien, en détention préventive depuis le 2 juillet dernier à Dakar n’a pas encore été fixée.

“Aujourd’hui, la justice pénale internationale est une réalité. C’est la première fois en Afrique qu’ on organise un procès d’ une telle ampleur. Les peuples demandent de plus en plus la reddition des comptes de leurs dirigeants”, a pour sa part soutenu El Hadji Oumar Diop, enseignant à la faculté de droits.

L’ universitaire sénégalais a estimé que les chambres africaines extraordinaires, en jouant pleinement leur rôle en organisant un procès équitable de l’ ancien président tchadien, auront participé à l’ affirmation de la Justice africaine”.

Selon Me Yaré Fall, avocat sénégalais, un procès équitable de l’ ancien chef d’ Etat du Tchad va sans nulle doute mettre un terme à l’ impunité surtout des dirigeants africains qui trouvent souvent des refuges pour échapper à la justice.

“Aujourd’ hui, en Afrique et partout dans le monde, plus personne ne peut se refugier quelque part pour échapper à la justice. Il faut savoir que l’impunité, c’est maintenant fini. C’est un combat de la communauté internationale que nous partageons”, a-t-il soutenu.

“Avec ce procès, l’Afrique va montrer qu’elle peut juger ses dirigeants en Afrique. Avec la réussite d’ un tel procès, l’ Afrique prouvera qu’ il n’ y a plus lieu de renvoyer quelqu’ un devant la Cours pénale internationale”, a indiqué de son côté, le professeur Ousmane Khouma, directeur des études de l’ Institut des droits de l’ homme et de la paix (IDHP).

Hissène Habré, au pouvoir au Tchad entre 1982 et 1990, est poursuivi au Sénégal où il vivait en exil depuis sa chute, à la demande de l’Union africaine. Pour ce faire, les autorités sénégalaises ont créé un tribunal spécial au sein du système judiciaire sénégalais, présidé par des juges africains nommés par l’organisation continentale.

M. Habré avait été renversé par l’actuel président tchadien, Idriss Deby Itno, qui était un de ses proches collaborateurs.

Selon une commission d’enquête tchadienne, le régime de M. Habré a fait plus de 40.000 morts parmi les opposants politiques et parmi certains groupes ethniques