Un supposé centre de formation implanté à Reni, sur l’axe Koumra-Sarh, ôte le sommeil aux villageaois.

En date du 8 janvier 2022, un groupe de jeunes agés de 13 à 18 ans débarquent à Reni, un village situé à 70 km de Koumra et occupent les locaux de la base de la société SATOM pour suivre une formation militaire. Ces recrues avoisinent 1 000, selon nos informations.

Joint au téléphone, le chef de village de Reni, Noubahindangar Nadjihorbé, dit n’avoir été avisé par aucune autorité administrative de l’installation de ce camp de formation. Car, soutient-il, à leur arrivée, ces “individus” se sont installés sans protocole. Jusqu’aujourd’hui, il ne sait pas qui les a emmenés, qui les a orientés dans le village.

Toujours selon les dires du chef de village de Reni, celui qui se réclame chef de ce centre affirme être de la direction de la surveillance du territoire (DST). Qu’il serait venu de N’Djamena et la troupe en formation serait venue de Doba. Bizarrement, son nom n’est pas connu jusqu’à présent, dit-il. Depuis lors, l’inquiétude de la population est de plus en plus grande. Elle se demande si c’est un camp reconnu par les autorités. Pour les rassurer, le commandant du centre leur a dit “qu’éventuellement, le ministre de la Défense viendra visiter la localité et s’imprégner de la réalité sur la formation de ces jeunes”, rapporte le chef de village.


Le chef de village de Reni sollicite la délocalisation de ce centre de formation car les autochtones sont terrorisés. Pas de passage pour aller à l’école et à l’hôpital, la population doit contourner le site. Autres comportements qui écoeurent la population sont le vol et l’abattage des animaux domestiques qui errent sur le site pour nourrir les jeunes en formation. En cas de réclamation, on passe la victime à tabac, témoigne le chef de village. Face à ce comportement, des villageois ne savent à quel saint se vouer. Ils plaident à l’endroit des autorités administratives à tous les niveaux à chercher des voies et moyens pour déguerpir ce groupe en vue de leur garantir la quiétude et la sécurité.

Le Réseau des associations du Mandoul (RESAMA) exprime également son inquiétude face à cette situation. Dans un communiqué de presse signé de son coordonnateur national, Delaville Djimyabaye Sewingar, le réseau prend à témoin l’opinion nationale et internationale de ce projet “énigmatique, aux contours flous qui se trame à Reni”. Il interpelle le gouvernement à prendre ses responsabilités pour protéger les populations locales “désemparées et inquiètes” et à rassurer la population tchadienne par une communication officielle sur la nature et l’objet du projet.

Le gouverneur du Mandoul est injoignable pour donner des éclaircissements sur cette situation. Quand au ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, il n’a pas donné suite à notre sollicitation.