OPINION – Un gangstérisme d’un autre âge s’installe dans nos structures d’enseignement et de formation.

L’école tchadienne se meurt. Pas à cause d’un manque d’enseignants, moins encore de structures de formation. Elle agonise du fait d’un comportement irrespectueux et violent qu’affichent en longueur de journée certains élèves qui se croient au-dessus d’une justice tchadienne qui se cherche. Ne parlons plus des règlements intérieurs des lycées et universités. Ils n’arrivent pas à leurs chevilles.  

Des puissants et supers élèves et étudiants. Puissants puisqu’armés et issus des familles « intouchables », ces catégories d’étudiants et élèvent tirent à balles réelles sur leurs encadreurs et camarades pour satisfaire leurs caprices puériles.  

Enseignants, proviseurs et surveillants travaillent la peur dans l’âme. Ils craignent pour leur intégrité physique et protègent leurs « gombo ». Connaissant les connexions et circuits desquels ces enfants gâtés tirent leurs privilèges. Le 8 février 2021, des élèves du lycée élites de Sabangali, armés de pistolets et gaz lacrymogènes, se sont attaqués à un groupe de moto-taxis dudit quartier provoquant une panique générale. Un jeune clandoman a été blessé par balle et conduit à l’hôpital.

Ces élèves s’étaient comportés en territoire conquis pendant plusieurs heures avant l’arrivée tardive des forces de l’ordre. Quelques-uns ont été arrêtés. Toutefois, aucune sortie officielle de la Police ne sera faite pour éclairer la lanterne de la population. Comme pour banaliser cette situation.

Pendant ce temps, les bandits aux jambes courtes et mains liées sont pompeusement montrés à la presse. De la comédie ! Ces supers tchadiens, comme pour défier les autorités, rééditent leurs actes odieux et terrorisent la conscience collective. A l’université Hec Tchad, dans la matinée du 28 juin 2021, pour une simple moquerie, chose courante dans les instituts et universités, un étudiant a tiré une balle dans la jambe de son camarade. Son exclusion de cette structure de formation n’est que peu. Il a posé un acte criminel qui doit être traité comme tel. Cependant, comme à l’accoutumée, aucune suite sérieuse ne sera donnée à cet énième affront aux autorités tchadiennes. Encourageant d’autres élèves gangsters à ajuster leurs techniques d’agression.

Ce 10 novembre, un surveillant du groupe lycée Toumaï, reçoit mortellement plusieurs coups de couteau. Encore et encore des cas. Un père de famille s’en est allé. Et son bourreau, au lieu de méditer longuement sur son sort dans une prison comme prévu par les textes, pourrait se retrouver quelque part, pour jouer à la carte.

Les parents qui sont les premiers éducateurs de leurs progénitures, doivent se remettre en cause et inculquer des valeurs de tolérance à ces dernières, pour que le recours systématique à la violence ne soit plus leur unique possibilité lorsqu’ils sont en difficulté. Sinon, de violence en violence, les voix dormantes de ce Tchad qui aspirent à la paix seront méconnaissables. Et ce sera la jungle, s’il ne l’est pas déjà !