Dans une interview accordée à Tchadinfos, Maïnan Innocent, chargé eau, hygiène et assainissement d’Oxfam, une ONG qui opère dans le Lac, explique pourquoi l’eau n’est pas de bonne qualité dans certaines localités de la province et évoque des alternatives pour parer à cette situation.  

L’eau est de mauvaise qualité dans plusieurs localités du Lac. Comment explique-t-on cela ?

Au niveau du Lac, le contexte hydrogéologique est assez complexe. En général, l’eau du Lac est salée comme celle de la mer. Ce qui fait que par endroit on rencontre cette eau. Comme dans l’extrême nord de la province à Daboua, Kaïga Kindjiria.

Mais, autour de Bagassola, l’eau est moins salée. Même au département de Fouli, notamment dans la commune de Liwa, l’eau qu’on trouve est buvable. Au niveau d’Oxfam, quand on réalise des forages, on tient compte de certains critères et on ne va pas trop en profondeur. Quand la conductivité de l’eau est en dessous de la norme ( 2500 Micro Cmn/Cm) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’eau est buvable. C’est quand c’est autour de 3000 que c’est déconseillé pour la consommation. On déclare donc ce forage négatif. On essaye d’aller dans des polders et bas-fonds pour jouer sur la profondeur et réaliser d’autres forages.

Quels sont les risques auxquels les populations s’exposent en consommant une eau de mauvaise qualité ?

Il y a des risques liés aux maladies de l’eau. Une eau fortement salée peut tuer un enfant. Elle peut donner la dysenterie, des bourdonnements de ventre et la typhoïde à des personnes adultes.

Au Lac, dit-on qu’une eau de mauvaise qualité n’impacte pas négativement la santé des autochtones qui en consomment …

Consommer une eau non potable, sans risque, ce n’est pas possible. A la longue, les maladies liées à l’eau vont se manifester. C’est l’ignorance.

Est-ce qu’il est possible de rendre cette eau non potable, potable?

Il est possible mais cela nécessite beaucoup de moyens. Il faut une unité de désalinisation. En perspectives, on est en train de faire une étude pour voir si on peut expérimenter cela. Cela permettrait d’approvisionner plusieurs localités en eau potable.

Dans certains cas, l’eau de javel est-elle une alternative ?

L’eau de javel n’est pas une alternative. Elle serait une alternative quand l’eau est potable. Cela permet sa désinfection. L’eau de javel ne peut réduire le taux de salinité d’une eau.

Pour ceux qui n’ont pas de forage, ils recueillaient l’eau des pluies et il y avait des produits qu’on leur remettait et qui permettait de rendre cette eau un peu claire. Ainsi, ils pouvaient y mettre un peu d’eau de javel et la consommer. L’eau des pluies est douce.

Il faut que les acteurs humanitaires qui œuvrent dans cette zone fassent des ouvrages qui prennent en compte le contexte de la province. Quelquefois, on découvre dans certaines zones, des forages où l’eau est extrêmement salée. Ce sont des forages qu’on doit automatiquement fermer.