L’avènement de la loterie dans la ville de Koumra comme dans d’autres villes du Tchad a enrolé un grand nombre de personnes.

Hommes, femmes, jeunes et enfants, tout le monde est devenu accro de la loterie. D’où la paresse, l’oisiveté et la mendicité gagnent le terrain surtout en milieu jeune. Pour certains, il suffit d’avoir 100f ou 300f/jour pour prétendre gagner beaucoup d’argent. D’autres par contre y injectent assez de sous en vue de maximiser leur chance.

Chaque organe de jeu a son surnom dont PMU BET “Yokoin i ta koumite” (Décès de ta mère en ta présence), “Youpyoup” pour le jet de jeton dans la machine…


Ces jeux divers sont devenus un véritable espoir pour une frange de la population. Dans les ménages, places mortuaires, débits de boissons, rues, on remarque les parieurs scotchés aux programmes de jeu.

Djimtebaye Émile, fonctionnaire de son état, affirme être parieur depuis plus d’une vingtaine d’années. “Mon fils, je fais ce jeu depuis plus de 20 ans. Car, le salaire seul ne me permet pas de m’occuper de ma famille. Comme je connais le secret, je m’en sors aisément puisque dans la semaine je peux gagner deux à trois fois. Ce qui me permet de donner l’argent de ration alimentaire et d’acheter la cigarette“.

Mamteyan Hervé, diplomé sans emploi, soutient sa position en ces termes : “Je n’ai pas de boulot donc je me nourris grâce à ce jeu“.

Tout le monde est embarqué, même les mineurs. Le cas de Stéphane Madjibaye, âgé de 13 ans rencontré dans une salle de jeu de loterie. Il se défend : “Avec 100f je peux gagner 3 600, 600 où 300f. Ça me permet de manger dans les cafétérias car je suis orphelin. Je sors tôt pour aller dans les carrières, tailler et arranger les briques pour avoir quelques jetons avant de venir jouer parce que je ne suis pas inscrit à l’école”.

Si certains parieurs arrivent à gagner des millions ou de centaines de mille, d’autres s’adonnent désespérément à ce jeu, parfois ils mendient les jetons pour valider un jeu. Adoumtogue Yannick, un marchand ambulant de friperie qui vient de gagner 2 000 000 fcfa est heureux d’avoir deux chambres sur le terrain de son feu père et augmenté son chiffre d’affaires grâce à son gain.


Alex Loubadjo Djassibaye, correspondant à Koumra