Invitée par l’Institut Français du Tchad (IFT) et l’Association tchadienne WenakLabs, une équipe de l’émission « Atelier des Médias » de  Radio France Internationale (RFI) a séjourné au Tchad du 26 au 30 novembre 2014. Ziad Maalouf, producteur de l’émission, a animé trois conférences-débats et deux ateliers de formation à N’Djaména, avant de tourner une émission.  Sensibilisation, formation et production résument ainsi cette visite de l’équipe de RFI à N’Djaména.

Parmi les activités de sensibilisation, Ziad Maalouf a animé une conférence de presse à la Maison des Médias dans la matinée du 26 novembre. En plus du grand-débat abrité par l’Institut Français dans l’après-midi du même jour, deux autres conférences-débats se sont déroulées respectivement à l’Institut Polytechnique Industriel sis au quartier Paris-Congo dans la commune du 6ème arrondissement et à la Maison des Médias.

A l’IFT où des membres de la rédaction du journal en ligne TchadInfos et ceux du Collectif WenakLabs se sont joints au producteur de l’« Atelier des Médias », le débat a porté sur « l’impact des nouvelles technologies sur le développement du Tchad ». La conférence à l’Institut Polytechnique Industriel le  27 novembre est axé sur le thème : « internet : citoyenneté et vie privée ». Celle du 28 novembre à la Maison des Médias s’est voulu plus pratique en portant sur le thème : « comment devient-on blogueur ? Rôle et responsabilité ».

Comme l’a souligné le Chargé de communication du Collectif WenakLabs, Salim Azim Assani, « l’idée était de regrouper des personnes déjà imprégnées de ces questions et qui en sont intéressées, autour de Ziad Maalouf, pour avoir le plus de retombées possibles », parce que celui-ci est « un expert de la question, et qui suscite beaucoup de questions liées à l’internet et aux médias traditionnels. »

 Et des questions, le producteur de l’« Atelier des Médias », n’a pas manqué de les soulever durant son séjour au Tchad. « Pourquoi la fibre n’est-elle pas toujours disponible au Tchad ? » a-t-il lancé dans la salle de spectacles de l’IFT face à un public diversifié où élèves, étudiants, artistes, travailleurs et décideurs se sont entremêlés. De par ses expériences, il a observé que « dans beaucoup de pays, l’internet et le réseau téléphonique se développent sans les Etats », parce que « la réalité de ces réseaux, c’est de partager le pouvoir. » Ailleurs, tout étant conscient de la présence des responsables des opérateurs de téléphonie mobile dans l’auditoire, le journaliste français a fait remarquer pour le dénoncer qu’au Tchad, « avec 300 FCFA, on ouvre ses mails, sans les pièces jointes, et puis c’est fini ! »

Une fracture numérique criante   

Salim Azim Assani de WenakLabs a expliqué que « la fracture numérique est assez criante dans notre pays et il revient à nous en tant que citoyens de contribuer à remédier à ce problème. Voilà pourquoi au sein du Collectif, nous nous focalisons sur la vulgarisation de l’internet. Et cela passe par la sensibilisation, la formation et la facilitation de l’accès aux outils numériques. » D’où les deux ateliers de formation animés par Ziad Maalouf et orientés vers le numérique d’une part et vers le journalisme d’autre part.

Le premier atelier, ouvert aux étudiants en communication et autres passionnés des technologies de l’information et de la communication, est tenu à l’IFT le 27 novembre 2014. Il a regroupé une soixantaine de participants. Le second qui a regroupé, à la Maison des Médias, une trentaine de journalistes, a porté sur « la place et le rôle de la presse tchadienne dans l’émergence des TIC. »

Si l’ambition des organisateurs est d’aider à réduire la fracture numérique en faveur du pays, le formateur, qui s’est dit être « en cure de désintoxication de l’internet » au Tchad, a fait comprendre que cette fracture n’est pas calquée sur la dualité pays développés versus pays sous-développés. « Les histoires de succès dans le monde en matière de développement des TIC sont observées en Afrique plutôt qu’en Occident », a-t-il rappelé. Et en parlant du cas tchadien, il a été sans équivoque : « les pays développés sont à votre porte. Aujourd’hui, l’accès est le même à Dakar et à Paris ! »

L’enregistrement d’une émission tournée le 29 novembre 2014 au Centre Catholique Universitaire de Sabangali a constitué la dernière étape du séjour de l’équipe de l’« Atelier des Médias » au Tchad. Le producteur Ziad Maalouf, quant à lui, a quitté le pays en y laissant une pensée forte : « je ne suis pas un médecin. Je suis un simple journaliste. Mais je sais que la vie change avec cet outil qu’est l’internet. »

Yamingué Bétinbaye

Source : ATPE