SOCIÉTÉDepuis le 2 avril et jusqu’à deux semaines, un couvre-feu a été instauré à N’Djamena et dans quelques autres provinces et localités du pays. Une situation qui oblige les N’Djamenois à changer leurs habitudes.

À la nuit tombée, N’Djamena est une ville méconnaissable. Dès 19 heures, un silence inhabituel s’empare de toute la capitale. Le trafic ininterrompu des voitures et des motos diminue drastiquement. Les derniers points de vente des produits alimentaires ferment.

Finies également les visites familiales et causeries interminables si chères aux N’Djamenois. Les habitants de la capitale sont priés de rester à la maison entre 19 heures et six heures du matin. C’est ce que dit le couvre-feu, instauré le 2 avril, qui va s’étendre durant deux semaines. « Cette situation nous impose de changer radicalement nos habitudes et notre mode de fonctionnement, car notre temps de la journée est limité. Nous devons tout faire pour nous organiser efficacement dans la journée puisque nous ne pouvons plus sortir le soir », raconte Aché Brahim, résidente du quartier Bololo.

“On se plie au couvre-feu”

Réaction similaire aussi de Mahamat, vendeur de cigarettes : « En tant que buraliste, nous n’étions pas directement pénalisés par la fermeture des commerces non-essentiels puisque nous continuions de vendre de manière plus ou moins informelle. Avec le couvre-feu, plus personne n’est autorisé à sortir. Donc, on se plie à la décision. »

Même si depuis les tragiques événements de 2 et 3 février 2008, le gouvernement n’avait plus instauré de couvre-feu à N’Djamena, l’entrée en vigueur de cette mesure exceptionnelle ne surprend pas,  en réalité, grand monde dans la capitale. Pour beaucoup, après la fermeture des frontières, des établissements scolaires et des commerces non essentiels, il semblait inévitable que la limitation de la mobilité urbaine serait la prochaine étape.

« Il existait déjà une certaine psychose qui obligeait les gens à éviter les déplacements inutiles. Le couvre-feu est venu renforcer cette crainte. De toute façon, les commerces sont fermés : il n’y a plus de motif valable pour sortir », confirme Aché Brahim.

Après moins d’une semaine d’expérimentation, les N’Djaménois s’adaptent tant bien que mal à cette nouvelle réalité. Mais une certaine lassitude se dégage chez certains habitants. C’est le cas de Paul à Moursal qui craint que la police ne profite de la situation pour harceler les civils : « Connaissant le comportement brutal des forces de l’ordre, nous ne prenons pas le risque de nous déplacer la nuit. Nous devons nous adapter pour remplir nos activités la journée. »

L’instauration du couvre-feu est la énième riposte du gouvernement tchadien dans le contexte de crise du coronavirus. Cette décision s’ajoute en effet à toute une série de mesures contraignantes décrétées récemment pour limiter la propagation du virus.

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