Le jeudi 28 octobre courant, le gouvernement et le patronat ont échangé devant les chefs d’entreprises. L’essentiel de leurs interventions portent sur la relance économique.

Le président du patronat tchadien Bichara Doudoua a relevé que les entreprises s’étant déjà appauvries avec une dette intérieure qui a atteint un plafond de plus de 1 500 milliards de francs CFA, le Covid-19 est tombé comme pour sonner le glas de leurs activités. Cette dette intérieure culmine toujours à un niveau élevé, malgré un faible début de remboursement et, demeure préjudiciable à la trésorerie des entreprises.

La fiscalité inadaptée continue à être aussi handicapante pour les acteurs économiques. « Nos entreprises font toujours face aux lourdeurs administratives, à une pression fiscale imparable, à une règlementation parfois trop contraignante et à des difficultés d’accès aux marchés publics”, a fait savoir le président du patronat. L’industrialisation du Tchad, tant souhaitée, reste surtout confrontée à des problèmes structurels de compétitivité liés entre autres aux coûts des facteurs de production dont l’énergie, les intrants importés, au manque de performance logistique et à la faible disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée et directement productive » lance-t-il.

Les mesures préfigurent une réelle volonté de l’Etat à accompagner le développement du secteur privé pour le rebond de l’économie du pays. Pour ce faire, « nous souhaitons vivement que cela puisse impacter de manière décisive l’élaboration de la prochaine loi de finances pour l’année 2022 ». Celle-ci doit définitivement être le reflet du Plan de relance économique que le secteur privé appelle de tous ses vœux. Les hypothèques qui pèsent sur le retour tant attendu et espéré à un meilleur climat des affaires sont grandes et susceptibles d’ouvrir la voie à deux types de risques :
➤ La fermeture de plusieurs autres entreprises avec un chômage de masse à la clef ;
➤ Le basculement de plusieurs opérateurs économiques dans l’informel, entraînant de facto une évasion fiscale.

« Le gouvernement de la République ayant fait de la création et la sauvegarde des emplois, un objectif légitime, il devra réellement impliquer le secteur privé pour y parvenir. Sauver l’emploi, c’est sauver l’entreprise, Sauver l’entreprise c’est lui donner l’oxygène qui lui fait cruellement défaut », affirme le Président du patronat tchadien, Bichara Doudoua.

Les inquiétudes des chefs d’entreprises sont vives, leurs frustrations grandissent, elles sont de moins en moins contenues, l’impatience et le désespoir gagnent du terrain.

Au nom de la communauté des affaires, « je vous témoigne ma gratitude pour ce signe de reconnaissance du rôle essentiel que joue le secteur privé. Il s’agit de travailler ensemble pour renforcer la résilience de notre économique, afin qu’à cette crise sanitaire et économique ne succède une crise sociale, car là est l’enjeu », invite-t-il.

La confiance n’exclut pas le contrôle

Dans le discours du Premier ministre de transition Pahimi Padacké Albert, l’accent est mis sur l’élargissement de l’assiette fiscale afin de desserrer l’étau sur la portion congrue des entreprises citoyennes qui est un chantier dans lequel le gouvernement devrait s’engager. Le phénomène des entreprises qui n’ont pas pignon sur rue et se créent juste au gré des marchés est à bannir.

La fraude et la contrebande à grande échelle due à la porosité des frontières altèrent considérablement les efforts consentis par le gouvernement. C’est pourquoi la concrétisation de la mise en place d’un observatoire de ce phénomène envisagée depuis plus de trois ans déjà est à prioriser. « J’y veillerai personnellement. L’appareil judiciaire est perfectible et des reformes sont d’ailleurs déjà en cours. Un point focal de la justice auprès du patronat avait été désigné pour recenser tous les contentieux des tribunaux de travail et du commerce et la jurisprudence y relative afin d’initier un atelier au cours duquel toutes les failles seront passées au peigne fin”, a rassuré Pahimi Padacké Albert.

Le gouvernement attend toujours les conclusions desdits travaux afin de mettre un terme au refrain de « délit de solvabilité » cher aux opérateurs économiques. L’Inspection générale d’Etat (IGE) n’a pas pour vocation d’ôter le sommeil aux opérateurs économiques comme vous le craignez. Certes, la confiance n’exclut pas le contrôle. Il faudrait procéder, s’il y’a lieu, à un recadrage de l’IGE qui devrait se limiter à ses prérogatives selon les règles de l’art.

« Aujourd’hui, notre pays a besoin d’un Plan de relance économique d’une urgence immédiate à la hauteur de l’enjeu et d’une ampleur inédite. Nous sommes conscients qu’un tel plan d’appui au secteur privé, pourrait nécessiter le soutien à l’Etat et des partenaires au développement », a déclaré le Premier ministre.

Le patronat a été toujours prêt pour agir aux côtés du gouvernement dans l’atteinte de ses objectifs importants. “Ces points que nous venons de soulever, renforcent notre conviction de la nécessité de s’investir collectivement et conjointement pour réussir le pari du développement de la transformation structurelle. C’est dans cet esprit constructif que nous sommes, au CNPT, résolument engagés pour l’avènement d’un secteur privé tchadien compétitif, créateur de richesses et d’emplois durables, ce qui contribue à la paix sociale”, a conclu le président du patronat.