SOCIÉTÉ – Mateyan Bonheur a été conduit à sa dernière demeure, au cimetière de Toukra ce samedi. Tchadinfos.com revient sur ces vingt jours mouvementés dans la capitale. Voici les points clés de l’affaire Mateyan Bonheur.

– Triste rencontre (4 nov)

Ce lundi 4 novembre vers 17 heures, le Président de l’Assemblée nationale Haroun Kabadi rentre chez lui. Mateyan Manayal Bonheur exerce son activité de moto-taxi et transporte une jeune dame. Devant le centre Don Bosco, à l’entente de la sirène annonçant le cortège du Président de l’Assemblé, Bonheur se garde pour céder le passage. D’après la version de l’Assemblée nationale, une voiture a tenté d’infiltrer le cortège, la garde sécuritaire du Président de l’Assemblé nationale a tiré des coups de feu pour dissuader le conducteur de la voiture. Les balles ont ricoché et changé de trajectoire. Mateyan Bonheur est touché à l’abdomen. Conduit à l’Hôpital général de référence nationale, le jeune homme n’a pas été pris en charge à temps selon son père et à 20 heures Mateyan Bonheur est décédé.

– La première manifestation (5 nov)

Dès le lendemain de la mort de Mateyan Bonheur, la toile s’enflamme. Les messages de soutien à la famille, mais aussi des messages demandant la justice fusent sur Facebook, Twitter. Des rendez-vous de rassemblement au lieu du drame ont été lancés. Quelques jeunes de la société civile ont honoré ce rendez-vous. Ils sont partis du centre Don Bosco à 16 heures pour se rendre au domicile du défunt.

– Le Président de l’Assemblée nationale présente ses condoléances (6 nov)

Ce mercredi 6 novembre, les autorités jouent la carte de l’apaisement. Dans un communiqué signé par le secrétariat général de l’Assemblée nationale, Adrien Beyom Mallo, le président de l’Assemblée nationale a présenté les condoléances à la famille du défunt.

Dans la matinée en plénière, le Président de l’Assemblée nationale a expliqué en direct à la télévision les circonstances de l’incident et il en a profité pour dénoncer l’instrumentalisation de cette situation.

Enfin, ce 6 novembre, le premier substitut du procureur signe un communiqué pour annoncer que le parquet de N’Djamena a ouvert une enquête par rapport au décès de Mateyan Bonheur. Il informe aussi que quatre personnes se trouvant dans le véhicule d’où sont venus des tirs sont placées en garde à vue.

– La famille de Mateyan Bonheur exige la justice avant l’enterrement de leur fils (7 nov)

Les amis, les politiciens, les membres de la société civile ont assisté à une concertation familiale. L’assemblée a discuté des aspects à observer pour rendre hommage à Mateyan Bonheur. La préoccupation majeure de cette réunion reste la poursuite judiciaire. En effet, qu’importe la durée de l’affaire, une élucidation de la responsabilité des présumés tireurs est la condition pour procéder à l’inhumation de Mateyan Bonheur.

Dans la foulée, la famille prévient les politiques présents à cette rencontre que : « profiter de cette situation pour d’autres ambitions ne leur amènera nulle part. »

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– La famille dément un prétendu arrangement avec le Président de l’Assemblée nationale (9 nov)

Des rumeurs ont entouré la mort dont celle que l’Assemblée nationale se serait arrangée avec la famille. Un collectif des jeunes demande la démission du directeur général de l’hôpital général de référence nationale. Elle a par ailleurs déploré le manque de compassion du Pan et a trouvé qu’il se réjouit plutôt de cet acte que la famille qualifie d’ « acte de bravoure ».

– Un collectif des jeunes demande la démission du directeur général de l’hôpital général de référence nationale (11 nov)

Après une première semaine pleine de rebondissements, la deuxième s’est annoncée aussi mouvementée. Dès le lundi 11 novembre, le collectif des jeunes sans emploi a fait un point de presse pour demander la démission du directeur général de l’hôpital général de référence nationale. Cette demande de démission est motivée selon eux par le “manque de professionnalisme des employés de sa structure”. Une autre revendication du collectif, la prise en charge de la famille de Bonheur.

Dans l’après-midi, des gaz lacrymogènes ont été tirés dans les environs du domicile du défunt au quartier Atrone dans le 7 e arrondissement. Les jeunes auraient occupé la voie pour empêcher le président de l’Assemblée nationale, Haroun Kabadi de rentrer chez lui.

– Les quatre personnes gardées à vue ont été libérées. (14 nov)

Me Nodjitoloum Salomon, avocat de la famille, a informé l’opinion que les quatre militaires de la garde du président de l’Assemblée nationale interpellés pour la mort de Mateyan Bonheur sont libres de leur mouvement. Ce sont deux policiers, un gendarme et un garde nomade qui ont été auditionnés et déférés au parquet. Cette situation a été tendue, après la réunion de la famille qui devrait décider de l’enterrement de Bonheur, les jeunes et parents sont descendus dans les rues. La Police qui se trouvait non loin des lieux a dispersé ces personnes à l’aide de gaz lacrymogène.

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– Le parquet demande l’inhumation de Mateyan Bonheur (15 nov)

Le collectif d’avocats de la famille du défunt Mateyan Bonheur a rencontré ce 15 novembre le procureur de la République pour demander l’interpellation des présumés assassins de Bonheur qui ont été mis en liberté. Une demande qui reçoit une réponse peu convaincante. En effet le parquet a dit que ces personnes seront interpellées la semaine qui suit. Selon Me Nodjitoloum Salomon, le parquet a demandé à la famille de procéder à l’enterrement de Bonheur.

Au cours de la journée, la décision du parquet de faire coffrer à nouveau les présumés assassins de Mateyan Bonheur la semaine prochaine a provoqué le mécontentement de la famille qui a prévu inhumer le corps le lundi 18 novembre. La famille a reporté la date de l’enterrement rejetant ainsi la demande du parquet.

– Les quatre présumés assassins de Mateyan Bonheur sont déférés à Amsinéné (20 nov)

Un policier, deux gendarmes et une garde nomade de la garde du président de l’Assemblée nationale ont été inculpés d’assassinat le mardi 19 novembre. Ils ont été placés sous mandat de dépôt par le 6e cabinet d’instruction le lendemain 20 novembre. Le parquet a confié l’affaire au juge d’instruction de finaliser l’enquête et de mettre à la disposition de la session criminelle.

– Un enterrement reporté au 23 novembre (20 nov)

Après l’incarcération des présumés assassins à la maison d’arrêt d’Amsinéné, la famille du défunt Mateyan Bonheur a prévu d’inhumer le corps le vendredi 22 novembre, mais cela a été reporté au 23 novembre. Ce samedi, Mateyan Bonheur a été enterré au cimetière de Toukra.

Rappelons que Mateyan Bonheur était un diplômé en droit privé sans emploi. Il est père de trois enfants dont le dernier n’a que quelques mois.

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