La natation est un exercice physique, complet et peu traumatisant pour les articulations. Elle améliore, selon les praticiens, la santé cardiovasculaire, renforce les muscles, et procure un bien-être global. Mais surtout, savoir nager peut sauver des vies, notamment en cas d’inondations ou d’accidents fluviaux, des situations malheureusement fréquentes au Tchad ces dernières années.
Ces derniers mois, le pays a été endeuillé par plusieurs cas de noyade, notamment d’adolescents dans les fleuves, mares ou rivières, parfois en milieu urbain, souvent en zone rurale. Ces drames mettent cruellement en évidence l’absence d’une culture de prévention aquatique, et surtout l’urgence d’une politique nationale d’apprentissage de la natation.
Interrogé à ce sujet, Loumigue Nganansou, formateur en natation et Secrétaire général de la Fédération tchadienne de natation, insiste sur l’importance de cette compétence dans notre société. « La nage est un moyen de déplacement, mais c’est aussi un moyen de se sauver lorsqu’on est surpris par un naufrage. J’allais dire, par exemple, quand une pirogue chavire ou lorsqu’un village est subitement inondé. Ceux qui savent nager, ou simplement flotter, peuvent s’en sortir plus facilement et alerter les secours. La natation, c’est une question de survie. »
Il poursuit, avec une réflexion presque philosophique. « Dans nos déplacements, nous marchons, les oiseaux volent, certains animaux nagent, marchent ou volent à la fois. Les poissons ne font que nager, car la nature les y a préparés. Nous, les humains, ne pouvons pas voler, mais nous marchons, courons… et nous devrions aussi savoir nager. L’eau est partout autour de nous. Savoir nager est un geste vital. Malheureusement, ce n’est pas le cas de la majorité des Tchadiens. C’est un grave retard», estime-t-il.
Certains parents, par peur, interdisent à leurs enfants de s’initier à la natation. Loumigue Nganansou les invite à reconsidérer cette position, qu’il qualifie de dangereuse. « L’éducation ne se limite pas à nourrir et habiller un enfant. Elle doit le préparer à affronter les réalités de la vie. Savoir préparer la boule, jeter une ligne pour pêcher, c’est de l’éducation. Apprendre à nager aussi. C’est un minimum vital», croit-il.
Il résume en disant que, savoir nager, c’est bien plus qu’un loisir. C’est un outil de protection, de santé, de confiance en soi. Dans un pays comme le Tchad, traversé par de nombreux courants d’eau naturels et exposé à des crues soudaines, l’apprentissage de la natation devrait être une priorité nationale. Il en va de la sécurité de milliers d’enfants et de jeunes qui grandissent au contact de l’eau.
«Chaque Tchadien devrait faire l’effort d’apprendre à nager, ou d’y faire initier ses proches. Car comme le dit un proverbe contemporain qui sait le lendemain ? », invite-t-il.
Ndilnodji Stéphane