Depuis le déclenchement de la grève lancée par la plateforme syndicale revendicative en mai dernier, les élèves et les enseignants  sont devenus des « businessmen » pour les uns, bénévoles ou vacataires pour les autres.

Tout est parti du manque de compromis entre le gouvernement et les syndicats concernant les salaires des fonctionnaires. Une situation qui a occasionné la fermeture des écoles et universités du pays. Salaires amputés, écoles fermées, la plupart des enseignants des lycées et collèges de la capitale se sont lancés dans la quête de l’argent en adoptant des moyens divers et variés.

Tutorat, formation ‶prépa-bac‶, atelier de formation… telles sont les affaires qui occupent la majorité des enseignants en cette période de grève interminable. Pour ‶joindre les deux bouts″ et aider ses cadets, Ndorbé Grégoire, enseignant de philosophie dans un lycée de N’Djaména, organise trois fois par semaine un cours de soutien ouvert aux élèves des terminales. Cours qui lui rapporte 100 FCFA par élève, environ 15 000 FCFA par jour.

A la question de savoir pourquoi l’organisation d’un tel cours, Ndorbé Grégoire répond : « un enseignant est d’abord celui qui a l’amour de l’enseignement. Certes, nous sommes en grève mais ce n’est pas pour autant dire que nous devons oublier l’enseignement. Ce cours, c’est juste pour aider les élèves. Vous êtes sans ignorer que la connaissance n’a pas de prix, les 100 FCFA que je prends avec les élèves, c’est juste pour le déplacement », conclut-il.

Ngakoutou Joseph, enseignant de Français, quant à lui, profite de la situation pour initier des formations en technique d’écriture aux jeunes désirant écrire des nouvelles. Pour suivre la formation, chaque jeune doit payer une somme de 5000 FCFA.

Pour ce qui est des élèves, ceux qui sont dans les classes intermédiaires, c’est une bonne occasion  pour faire du commerce. De façon ambulante, par groupe ou individuellement, ces jeunes en besoin d’argent font presque le tour de la capitale avec leurs articles sur la tête et en main. D’un ton ironique, Djimet, élève au lycée communal d’Abéna, devenu commerçant par circonstance, nous donne ses raisons: « la vie est très dure ces derniers temps. Si les enseignants sont allés en grève pour revendiquer leurs droits, je ne vais pas croiser les bras et les attendre.  Il faut bien profiter de l’occasion. Et puis, rien n’indique que cette grève sera bientôt levée ni suspendue ».

Par contre, pour les élèves en classes de terminale, l’heure est grave et l’inquiétude se lie aux yeux des candidats au bac. Pas de temps pour les business. L’unique loisir reste la lecture. Ndadnouba Olive, élève en classe de terminale A4 est fait partie de ces derniers. Elle garde toujours espoir car : « le Tchad est un pays de surprise », dit-elle.