A N’Djamena, les inondations sont, d’une part, source de désolation et, d’autre part, de bonheur. Si entre les quartiers Atrone et Ambatta, les piroguiers tirent profit, sur l’avenue du 10 octobre, des jeunes se sont improvisés en guides, contre des pièces d’argent.
A quelque chose malheur est bon, dit une maxime populaire. Et l’activité que mènent des jeunes sur le tronçon inondé de l’avenue du 10 octobre en est une parfaite illustration.
Ce tronçon, en plus d’être très dégradé, est inondé par les eaux des pluies dans la zone du bassin de rétention d’Habbena. Cette situation amène certains détenteurs des engins à moteur à faire un contournement par le rond-point double voie ou celui de Hamama. D’autres préfèrent traverser ce lac artificiel. Pour faciliter le passage à ceux-là ou pour éviter qu’ils tombent dans des trous, un groupe de jeunes joue le rôle de guide. Chaque jour, ils se démènent là à orienter les passants ou à pousser des engins qui se retrouvent coincés.
Mbaïramadji Yves, un des guides, n’a pas hésité de nous situer sur comment il fait. “On n’a pas une heure fixe mais on vient quand même un peu tôt le matin comme on a pratiquement rien à faire”, renseigne-t-il. Yves d’informer que le groupe n’a pas de tarif. “Ça dépend de ce que la personne elle-même donne. Mais beaucoup donnent les 50F et 100F. Si tu as la chance de tomber sur un boss, même 500F ou 1000F il va te donner”, fait-il savoir. Dès lors que ces jeunes trouvent ce qu’il leur faut pour assurer la journée, c’est la fin de l’heure, affirme le jeune homme. Grâce à cet argent de guide, Yves compte préparer sa rentrée scolaire qui point à l’horizon.
Le service est bien apprécié par les usagers qui affirment que : “mieux vaut donner un 50 ou 100F pour leur sécurité et celle de leur engin.” Et comme l’a dit Lyne Ménard, une clinicienne-enseignante haitienne, “lorsque tu perds ton chemin, laisse-toi guider car tu n’es jamais seul.”
Ndoumanan Ezéchiel