Les activités agricoles ont connu une évolution ces derniers temps à travers l’usure. Chaque année, les agriculteurs ont recours aux parents ou connaissances aisés pour engager des travaux champêtres et rembourser en nature au moment des récoltes.
10.000f contre un sac de sorgho et 15.000f pour un sac de sésame, tel est le deal scellé souvent pendant la saison pluvieuse par les agriculteurs avec des personnes aisées. Cette pratique est en vogue ces dernières années dans les provinces.
La plupart des agriculteurs expliquent que l’Office national pour la promotion de l’emploi (ONAPE) n’octroie pas suffisamment de crédit agricole. D’autres affirment que leurs demandes de crédit agricole restent sans suite ou encore leurs cantons sont débiteurs, ce qui fait que l’ONAPE refuse de donner de crédit dans leur localité. Pour supporter les charges liées au labour, l’usure est la voie privilégiée.
Dans la province du Mandoul, ce type de prêt est devenu incontournable. Dans les départements de Maam et de Tar Al Nas, la créance varie (12 500, 15 000 ou 20 000F) selon la situation de l’agriculteur. Ces circonscriptions sont considérées comme le bastion de l’usure agricole car, les cultures du sésame et du sorgho sont très rentables.
Yamako, détenteur d’une alimentation et d’une cabine téléphonique, par ailleurs usurier, explique le profit qu’il tire de cette pratique. “Chaque année, j’investis de cette manière dans certains villages. Je peux investir jusqu’à 150 000 pour 10 sacs de sésame. Au moment opportun, un sac peut me rapporter entre 50 à 55 000 FCFA. Imaginez si je trouve les 10 sacs au complet, je suis pénard“, s’exclame-t-il. Cependant, cette pratique n’est pas sans risques. Il arrive qu’au moment de récolte, les débiteurs agriculteurs refusent de remettre des sacs qu’ils doivent lorsqu’ils constatent que le prix de sésame a grimpé dès les premières récoltes. “Sinon il y a certains qui deviennent malhonnêtes lors des récoltes mais c’est devenu mon activité donc je continue de prêter. Ca m’arrange mieux que d’aller labourer”, admet Nanasra Amine.
Aujourd’hui, beaucoup de jeunes et commerçants se lancent dans cette pratique qui tend à gagner le terrain. D’une zone à une autre, le pacte se signe soit avec un témoin soit avec le chef de village qui joue le rôle de garant.
Alex Loubadjo Djassibaye