Être mère célibataire n’est pas aisé au Tchad. Généralement, des filles qui contractent la grossesse avant le mariage sont renvoyées de la maison familiale au nom de la coutume ou de la religion. Confrontées quelquefois à la fuite de responsabilité des auteurs de la grossesse, ces filles se débrouillent pour s’occuper de leurs enfants. Tchadinfos est allée à leur rencontre.

Depuis un mois, Rosine Djimtebaye vit avec son nouveau-né. L’air perdu, son bébé dans les bras, Rosine parle de son quotidien. Un récit rythmé de soupirs. Enceinte et après avoir été rejetée par son compagnon, elle a été bannie de sa famille. “On m’a dit que je ne pouvais plus avoir accès à la cour familiale. Mon retour est conditionné par la reconnaissance de paternité de mon enfant“, rapporte-t-elle. Rosine brave l’adversité en s’occupant seule de la grossesse, avec l’appui de l’association Felicia Fondation.

Selon Yaye Edith, directrice de l’association Felicia Fondation, plus d’une centaine de mères célibataires sont prises en charge par sa structure. “Elles sont formées à des petits métiers et s’en sortent avec”, se réjouit-elle.

Geneviève Larkingam, une autre bénéficiaire de Felicia Fondation, loin de rejeter la faute sur la tradition, elle assume en silence le poids de la solitude derrière un sourire qui cache mal son trouble. “C’est une bonne tradition, parce que nous ne nous sommes pas mariées avant d’avoir des enfants. Ce n’est pas de leur faute, c’est la nôtre“, se convainc-t-elle. Geneviève bannie par sa famille regrette pourtant de n’avoir pas pris des précautions dans le cadre de sa vie sexuelle.

Boya Julia, stagiaire