Malgré les canaux de drainage, les bassins de rétention d’eau et de stations de pompage à N’Djaména, plusieurs quartiers se retrouvent les pieds dans l’eau chaque année au mois d’août, juste après les pluies.

Quelques heures de pluie, ce mi-août, ont suffi pour que les habitants de presque tous les quartiers de N’Djaména se retrouvent les pieds dans l’eau comme à chaque saison des pluies depuis des années. Jérémie, habitant le quartier Ambata dans le 7ème arrondissement, après la pluie d’hier lundi 15 août, se retrouve complètement dans l’eau. Les meubles de sa maison reposent sur des briques, au-dessus de l’eau qui a gagné les pièces jusqu’à la hauteur de sa hanche. “Tout est gâté, on n’a plus où dormir. Toutes les chambres sont dans l’eau, totale inondation. Y en a marre de ces inondations à répétition. On ne parle que des milliards investis pour faire face aux inondations mais rien ne change“, exprime Jérémie, son ras-le-bol.

Outre le quartier Ambata dans le 7ème arrondissement, presque toutes les communes de la ville capitale sont également touchées par les eaux de pluie cette année. Au plus grand agacement de dizaines de milliers d’habitants, ce scénario se répète chaque année au moment de l’hivernage, la saison des pluies qui s’étend du mois d’août à septembre à N’Djaména. Les sinistrés, quant à eux, se débrouillent comme ils le peuvent.

Nombre d’habitants des concessions par exemple au quartier Moursal, dans le 6ème arrondissement essaye d’évacuer l’eau grâce aux motopompes qui pourraient aspirer l’eau stagnante dans plusieurs pièces de leurs maisons et dans leurs cours. Presque le même scénario aux quartiers Farcha, dans le 1er arrondissement, N’Djari, dans le 8ème, et pire à Dinéo, Digo et Kilwiti dans le 7ème arrondissement où l’on se déplace qu’à pirogue. Bref, aucune commune d’arrondissement n’est épargnée par les inondations.

Alors que ces deux dernières années, au moins 50 milliards de francs CFA ont été investis dans les constructions des canaux de drainage, des bassins de rétention d’eau et des stations de pompage, la situation cette année reste plus qu’alarmante en ce mi-août où il pleut quasiment chaque jour. “Il n’y a aucune amélioration et chaque année on parle que d’inondations et de beaucoup d’argent investis alors qu’il y a des très bons architectes-urbanistes dans ce pays, l’on investit dans quoi tout cet argent ? “, s’emporte Aboubakar, habitant le quartier N’Djari Kawas.

L’on apprend des urbanistes que N’Djaména la capitale tchadienne n’est pas encore couverte par un réseau d’évacuation d’eau pluviale adéquat alors que la population augmente et que les zones nouvellement habitées ont besoin d’assainissement donc il n’est pratiquement pas possible d’être à l’abri des inondations car, même la ville ne dispose pas totalement d’un plan cadastral si ce n’est pas les anciens quartiers.

Conséquences de ces inondations, il n’y a désormais qu’une seule route, l’avenue Pascal Yoadimnadji, qui dessert tous les quartiers du Sud et de l’Est, occasionnant de monstres embouteillages chaque jour et toutes les heures de la journée. “Aujourd’hui, pour voyager vers le Sud du pays, se rendre dans les quartiers tels que Toukra, Walia, N’dingangali, Gassi, Amtoukoui, N’Djari, etc. il n’y a que l’avenue Pascal Yoadimnadji. Imaginez le nombre des habitants de ces quelques quartiers que j’ai cité, l’on ne peut pas du tout éviter les embouteillages. Les policiers de la Brigade de la circulation routière sont à eux seuls, incapables de gérer la circulation sur cette avenue avec l’incivisme qui va avec“, dénonce Kara habitant le quartier Amtoukoui.

Il interpelle les autorités à résoudre le problème de l’avenue du 10 octobre, qui est aujourd’hui impossible à pratiquer et aussi la route du canal de Chari-Mongo. “Des milliards sont détournés en toute tranquillité alors que cet argent suffirait pour résoudre les problèmes de ces avenues aujourd’hui”, dénonce-t-il.