Les jeunes femmes reviennent aux anciennes méthodes. Se tatouer les gencives « pour plus briller et attirer ». Tchadinfos est allé à la rencontre de quelques femmes.

Allongée du côté droit sur une natte, on lit tout de suite de la douleur dans ses gestes. Les yeux fermés et le front froissé, Mariam Abdoulaye se barre la vue avec sa main. Habillée d’une robe noire, cette vingtaine se fait tatouer la gencive par une spécialiste traditionnelle.

A ses côtés, est posé un paquet d’aiguilles avec une boîte contenant une poudre noire. C’est celle qu’on appelle tantine Haoua qui s’occupe d’elle. Une renommée tatoueuse de gencive  au marché d’Abena, Haoua, la quarantaine tatoue les gencives depuis plus de dix ans. Une activité qu’elle a apprise de ses voisines, depuis son jeune âge. Pour elle, il faut avoir le cœur et la patience pour faire cette activité. « C’est comme de la médecine. Tu es obligé de voir tout le temps du sang et des gencives infectées » relève-t-elle.

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Un constat, les jeunes femmes se tatouent « pour plus se faire belle ». C’est l’un des raisonnements de Mariam Abdoulaye : « J’ai commencé à me tatouer la gencive à l’âge de 21 ans. Je trouve très joli, quand une femme rit avec la gencive noire ». Comme elle, quatre autres femmes rencontrées au salon de Haoua avancent le même argument. Mais certaines, comme Mabroucka Haroun, une cliente, font savoir que le tatouage permet aussi de soigner les gencives infectées. « Ça tue les bactéries » renchérit Mabroucka.

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Tantine Haoua prend 40 minutes à 1 heure de temps pour tatouer la gencive d’une personne. « Tout dépend de la personne et de sa gencive. Il y a des gencives qui prennent du temps » dit-elle. En ajoutant, Haoua fait savoir que la patience de la cliente compte aussi. « Pour celles qui ne supportent pas la douleur, on risque de passer même deux heures. Puisqu’on doit faire des pauses. C’est juste en mode tendance maintenant », rajoute-t-elle.

Pour tatouer les femmes, Haoua utilise de l’encre noire ou la poudre de la chambre à air des engins, des aiguilles et de l’alcool pour stériliser ses outils. Il est à mentionner qu’un paquet d’aiguilles en comprend 24.

Pour rappel, tatouer les gencives est une « ancienne méthode de nos aïeux». La majorité des africaines se tatouaient les gencives et les lèvres pour marquer leur féminité. Et cela dépendait de chaque coutume. Cette pratique a sans nul doute des conséquences sur la santé des femmes qui s’y adonnent. Nous reviendrons dans nos prochaines publications sur l’aspect sanitaire.

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