Face au manque d’emploi, la plupart des jeunes s’adonnent à l’activité de mototaxi. Pourtant, elle est à risque, surtout la nuit.
Il est 19h, nous sommes au carrefour Berwa dans le quartier Walia dans le 9e arrondissement de N’Djamena. Isaac Wankadi, clandoman de son état, papote avec quelques-uns de ses collègues. Soudain, son portable sonne, il échange quelques mots puis s’en va. Une trentaine de minutes plus tard il revient, au même carrefour. Ce point est le quartier général d’Isaac et ses collègues clandomen.
Au Tchad, l’activité de mototaxi communément appelé ”clando” est très pratiquée par les jeunes dans de grandes villes. De jour comme de nuit, ces jeunes, à bord de leurs motos, desservent les villes. Autant ils se font de l’argent, autant ils s’exposent à des risques. Au quartier Walia, le phénomène de braquage des clandomen prend une tournure inquiétante. Il ne se passe pas une nuit sans que des clandomen se fasse agresser dans ce quartier coupé de la ville par le pont.
Diplômé, il est sans emploi depuis trois ans. Pour subvenir à ses besoins, il s’est lancé dans le clando (appellation populaire de l’activité de mototaxi au Tchad). Pour se faire assez d’argent, il travaille de 7h à 22h. Tout allait bien jusqu’au jour où tout bascule. Isaac a été agressé et sa moto emportée.
“C’était autour de 19h quand j’avais déposé un client à Walia barrière. A mon retour vers l’hôtel 3AS, un client m’a demandé de le déposer vers le marché Ngosso. Arrivé à destination, par surprise, il m’a pris la tête en me bloquant le cou avec ses bras pendant que son complice qui était déjà sur place me fouillait. Je me suis évanoui je ne sais pas par comment mais à mon réveil ma moto, achetée il y a seulement un mois, mon téléphone et autres… avaient été emportés”, raconte le jeune homme. Cette mésaventure, Isaac a gardé les séquelles pendant quelques jours. Aujourd’hui il essaie de se reconstruire.
Isaac n’est pas le seul à vivre une telle situation. Un témoin anonyme rapporte ce qu’il a vu. “C’était il y a quelques semaines au bouta (mare) de Walia Hadjaraï, un clandoman s’est fait agresser par trois hommes en rentrant tard chez lui. Ceux-ci l’ont dépouillé mais ils lui ont laissé la vie sauve. Le lendemain, tôt le matin, celui-ci est retourné au lieu du crime où il ramassa des papiers d’identité d’un des agresseurs. Il a déposé à la Police du 9e arrondissement. Les recherches ont été lancée, l’enquête suit son cours.”
Face à ces agressions, un autre clandoman dit être dorénavant averti. Avec ses collègues, ils se sont organisés. “Chaque fois qu’il est question d’amener un client la nuit quelque part, il y a un groupe qui assure nos arrières”, détaille-t-il. Au retour, l’argent encaissé est partagé entre le groupe.
Magara Violette, stagiaire