REPORTAGE – La vente des téléphones de seconde main va grandissante à N’Djamena avec ses risques.

En plein centre-ville de N’Djamena, dans le quartier administratif se tient un marché pas comme les autres. Sa spécialité ? La vente des téléphones et autres appareils numériques. Ce qui lui a valu le nom de la grande ville des Emirats Arabes Unis, Dubaï.

Dans ce marché, trouver un téléphone sophistiqué à vil prix n’est pas une impossibilité. Alors que les grandes boutiques d’à côté ne manquent pas de ces types de téléphones, la plupart des N’Djamenois portent leur choix sur le « marché Dubai ». C’est le cas de Ndofogo Ludovic qui habite à environ 20 kilomètres de ce lieu. « Ici j’ai la possibilité d’avoir un bon téléphone avec moins de 30 000 francs CFA, mais dans les boutiques, ce n’est pas le cas », dit-il.

C’est un marché qui nourrit bien

A l’origine, c’était un petit carrefour qui servait de refuge aux petits vendeurs ambulants. « C’est en 2002, lors de l’expansion des téléphones au Tchad que le marché a commencé à s’installer », explique Amir, délégué dudit marché.

le marché Dubai, dans le centre ville, le 9 juillet 2019

Les jeunes commerçants qu’on y trouve sont issus de diverses localités du pays mais leur objectif est quasiment le même : se faire de l’argent. « On n’a pas les mêmes niveaux, certains sont lettrés, d’autres viennent directement du village et n’ont jamais été à l’école », déclare, Youssouf, l’un des anciens du marché.

C’est une affaire juteuse, à en croire les pratiquants mais la concurrence est rude. « Ce commerce nous a beaucoup aidé et continue toujours à nous aider. Par exemple moi, c’est grâce à cela que j’ai réussi à ouvrir cette grande boutique des matériels électroniques », se réjouit Amir, dans sa boutique émaillée de smartphones.

Mais le danger est permanent

Vu que ce type de commerce est bénéfique, le nombre de ceux qui le pratiquent ne cessent de se multiplier. Ce qui devient un risque pour les acheteurs. « Avant le marché était bien organisé mais depuis 2015, c’est carrément autre chose. On ne connait pas qui est qui vraiment », s’inquiète le délégué.

« Parfois, en achetant un téléphone dans ce marché, on achète des problèmes sans se rendre compte, il se trouve que certains téléphones que ces jeunes vendent sont des téléphones volés », confie Thierry, l’un des habitués de ce marché.

Si Thierry pense que certains téléphones qu’on vend dans ce coin sont des téléphones volés, d’autres à l’image de Mahamat Ousman croient qu’en plus du vol, l’escroquerie fait bonne place. Car selon lui, « ils vendent parfois des pacotilles aux gens ».