Les étals du marché de poisson de Farrah sont déserts ce 12 avril 2018. Pourtant les vendeuses devraient y être installées depuis le 13 mars dernier.

Tout comme les vendeurs de fruits, elles étaient sous le même préavis lancé par la mairie de la commune de N’Djamena. Dans ce communiqué signé le 6 mars 2018 par le 2e adjoint au maire, on peut lire : « Madame la maire de la ville de N’Djaména demande aux vendeuses de poissons frais et aux commerçants vendeurs de fruits et légumes exerçant au marché de Dembé de regagner immédiatement le marché de vente de poisson frais de Chagoua ». Pourtant elles sont encore présentes au marché de Dembé. Certes elles ont quitté le bord du goudron, mais elles n’ont pas quitté le marché. Ces vendeuses de poissons refusent de déménager sous prétexte que le marché de vente des poissons est mal placé. « Le marché de Farrah est caché et les clients ne le connaissent pas, si on va là-bas on aura pas de client. » Déclare la plupart d’entre elles.

La gestionnaire du marché Farrah, Fatimé Kinglé nous explique que les vendeuses viennent dans son marché chercher les poissons et les ramènent à Dembé pour les vendre. « Les transporteurs apportent le poisson ici, mais les femmes viennent en prendre puis elles vont les vendre à Dembé. Le marché est vide malheureusement, c’est un manque à gagner pour la mairie » affirme-t-elle. En plus de ce problème d’emplacement, elle nous confie que les femmes vendeuses de poisson ont des litiges entre elles. Ce qu’atteste le chef de communication de la mairie de N’Djamena, Monsieur Djedodde Bekoutou Isidore.

Cependant, un petit groupe de femme est quand même présent dans ce marché. Pour attirer la clientèle, elles se sont installées devant le marché. « Comme le marché qu’on a construit pour nous, nous nous sommes installés ici pour que le marché de poisson soit opérationnel ici. » déclare Saria Kanatou l’une des vendeuses. Elle renchérit « les ONG ont constaté que les vendeuses de poisson que nous sommes souffraient beaucoup. Au cours de leur enquête, ils ont constaté qu’on vendait dans la boue et les déchets. Ils ont construit ce marché pour nous et nous ont donné la clé. Nous qui sommes conscientes des avantages de ce marché sommes là, ce sont les « idiotes » qui continuent à vendre dans la boue et les déchets. »

D’après ce groupe de femme vendeuse, les autres vendeuses donneraient un pot-de-vin à qui de droit afin de continuer à vendre au marché de Dembé. « Pourquoi on chasse les vendeurs de fruits et on n’arrive pas à chasser les vendeuses de poisson ? Quand un communiqué annonçant une décision de déguerpissement est rendu public, elles cotisent de l’argent et l’envoi ainsi elles ne sont plus inquiétées. » Confie Memadji Jolie vendeuse de poisson et membre du comité de gestion du marché Farrah.