Depuis des mois, on assiste à des pénuries à répétition du gaz butane à N’Djamena sans qu’aucune explication ne soit donnée par les autorités. Cette pénurie est un calvaire pour les ménages d’autant plus que le charbon et le bois de chauffe sont formellement interdits.


A tout bout de chemin, l’on peut rencontrer, hommes, femmes, filles et garçons, bouteille de gaz butane vide en main ou sur la moto en quête de cette “denrée” vitale. Sans cela, les foyers n’ont aucune capacité de faire bouillir la marmite.


Dans des rares points de vente qui disposent de gaz, chacun bouscule pour avoir au moins une bouteille. “Alhamdoullilaye ! Je me suis pointé devant cette boutique depuis 5h30min c’est à 11h 30min que j’ai eu la chance d’avoir une bouteille à moitié pleine. Autrement ils ne remplissent pas bien, mais mieux que rien “, déplore une femme visiblement en colère, avec de la boue aux pieds, signe des bousculades.


C’est lamentable ce qui se passe. ça fait presque deux semaines que je suis à la recherche de gaz. Les gens se mettent en rang comme si on distribue gratuitement mais ce n’est pas normal. C’est le gaz qui est produit ici chez nous à N’Djamena mais on a des pénuries comme ça. Il faut que le gouvernement pense à cela. On empêche aux gens d’utiliser le charbon, le fagot et pourtant le gaz même n’est pas disponible“, critique Joseph ayant deux bouteilles de gaz sur sa moto.


Cette pénurie devient répétitive. Le 17 juin, le président du syndicat du secteur gazier, Mahamat Guidam Moussa, a soulevé les contraintes du marché de gaz. Il a cité entre autres le manque de régulation, la concurrence déloyale, le chevauchement des décisions entre la direction de l’Arsat et la direction de la raffinerie (SRN) pour superviser le secteur ; le népotisme et le favoritisme au sein de l’Arsat et de la raffinerie, la distribution inéquitable du gaz sortant de la raffinerie et du gaz importé, l’octroi du permis d’importation à un seul marketer (Gazcom) qui utilise le gaz à sa convenance sans donner aux autres ; le retard de paiement de la subvention du gaz rechargé ; la suspension de paiement de la subvention des kits de bouteilles vendues ; l’octroi abusif des agréments de fonctionner aux entrants du secteur gazier alors que la production est déficitaire.


Pour juguler la crise, Mahamat Guidam Moussa a proposé les solutions suivantes : distribuer équitablement le gaz sortant de la raffinerie et le gaz importé entre les marketeurs suivant une programmation validée par l’Arsat et le syndicat ; autoriser les autres marketeurs ayant la logistique d’importer du gaz ; suspendre l’attribution de nouvel agrément aux entrants car le nombre de marketeurs est élevé et le gaz est insuffisant ; le payement de la subvention qui s’élève à hauteur de trois milliards.

Malgré cette sortie et des solutions proposées, la situation ne semble pas s’améliorer et les ménages sont dans l’impasse sans que cela n’émeuve les autorités du pays.