Chaque jour ouvrable, plus d’une soixantaine de personnes s’entassent dans le couloir étroit du parquet. En majorité, ils viennent pour suivre leurs dossiers. Un moment pénible et embarrassant pour eux.

Reportage – vendredi 05 avril, c’est depuis 07h du matin qu’ils sont là, allongés dans ce couloir étroit du parquet de N’Djamena. Tous attendent péniblement l’arrivée des greffiers, des magistrats et autres acteurs de l’appareil judicaire. À défaut des accessoires, ils se tiennent debout. La plupart s’adossent contre le mur.

Extenué de se tenir aussi longtemps debout, Abakar, la soixantaine a fini par craquer. Il sent ses deux jambes l’abandonner. L’homme s’écroule à même le sol malgré son boubou blanc. Il se mit à égrener son chapelet comme pour implorer le bon Dieu d’alléger son attente.

Soudain, le gendarme en faction devant l’un des trois bureaux hausse le ton « restez de côté, laissez le passage. Vous là, levez-vous », ordonne–t-il.Tout le monde reprend sa posture initiale.

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À contrecœur, ils s’appuient de nouveau contre le mur. Abakar regarde défiler les avocats, les gendarmes, dans ce couloir embouteillé par les premiers venus. Pour se faire un petit passage, les épaules se heurtent, les bras se touchent. Les femmes peinent à passer sans que leurs poitrines ne touchent le dos de quelqu’un. Une situation embarrassante pour elles.

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Dans ce couloir gorgé de plus de 70 personnes, un gendarme nous confie qu’il y a peu de monde aujourd’hui. « Parfois le nombre peut facilement doubler. Malheureusement, on peut rien faire ».  La seule solution qu’il suggère est de trouver un autre lieu plus spacieux pour abriter le parquet.  Subitement, il arrête de nous parler et interpelle la foule à faire moins de bruit. « Nous ne sommes pas au marché », lance-t-il à la foule qui murmure à l’arrivée des magistrats et des greffiers. Ils franchissent les marches du deuxième étage, les uns après les autres. Chacun est dans sa robe noire cravatée de blanc.  

À l’ouverture des audiences, le passage devient impossible dans ce petit couloir du parquet de N’Djamena.  Abakar parvient à sortir de l’un des trois bureaux et nous affirme que son dossier est ajourné pour la semaine prochaine. Le calvaire est loin de finir pour lui dans cette allée étroite du parquet de N’Djamena.