A l’annonce de la mort du chef de l’Etat, Idriss Déby Itno, maréchal du Tchad, ce 20 avril 2021, beaucoup de Tchadiens ont été surpris, pris peur de la suite des événements, mais pas paniqués. C’est une première, tant le Tchad est connu par les guerres des rébellions, la guerre civile. Mais, tout s’est passé dans le calme. Le sang-froid a permis une bonne continuité de l’Etat. Les fonctionnaires qui craignaient pour le paiement de leurs salaires, n’ont pas été déçus. Chaque fin de mois, les salaires passent régulièrement.

« J’étais au bureau quand, j’écoutais subitement l’hymne national passer à la télé Tchad. Je me suis dit, quelque chose de grave a eu lieu. Subitement je vois l’apparition des militaires alignés et l’un d’eux annonçait la mort du président », se rappelle un cadre de l’administration publique. Comme ce cadre, l’annonce de la mort du maréchal a pris de court beaucoup de personnes. « J’ai tout de suite interrompu mon travail dans un cybercafé et j’ai débarqué chez moi. En fait, j’ai fui pour être à la maison. On ne sait jamais, peut-être qu’il y aura une bataille dans la capitale », témoigne un cadre. « Deux jours après l’annonce du décès du président, beaucoup de mes collègues me demandaient si on pouvait avoir le salaire ce mois. Pour être honnête, je n’ai jamais imaginé que le CMT assurerait normalement le paiement des salaires, surtout avec la guerre qui se profile à l’horizon », confie un fonctionnaire.

L’inquiétude a été, certes, grande chez presque tous les Tchadiens. Mais, le CMT  a su gérer la situation. L’administration fonctionnait normalement. Les salaires sont payés à terme échu. Grand succès, le gouvernement de transition signe un pacte social triennal avec les centrales syndicales en octobre 2021, soit à peu près sept mois après la mise en place du CMT. Les grèves deviennent quasi-rares, surtout dans le secteur de l’éducation nationale où les enfants sont en train de faire une année scolaire normale et cela depuis plusieurs années des perturbations dues aux grèves répétitives des enseignants. Il est vrai que des perturbations sectorielles comme chez les magistrats, les manifestations des diplômés sans emploi ou encore des élèves à cause du manque d’enseignants ou pour l’enrôlement biométrique au baccalauréat, ont marqué cette année. Le CMT est aussi attendu sur le plan social, avec le recrutement de 5 000 jeunes à la Fonction publique. Une transition qui se déroule, comme disait l’envoyé spécial de l’ONU pour l’Afrique centrale, François Lounceny Fall, « sans faute ».