REPORTAGE – Le Tchad connait cette année une saison de pluie inhabituelle. Les premières gouttes étaient tombées lentement. Aujourd’hui, la fin de cette période pluviale est tardive. Pourquoi ce changement ?  Quelles sont les conséquences de ces perturbations ? 

« Il va encore pleuvoir ? », s’interroge Ali*, les yeux rivés vers un ciel orageux. Après un soupir limpide, l’homme habitant le quartier Gassi, dans le 7ème arrondissement de la commune de N’Djamena, laisse entendre ce souhait, « qu’il ne pleuve plus ». Une goutte de pluie de plus est synonyme de calvaire pour lui. Durant les trois mois pleins de la saison de pluie, Ali* est contraint de patauger entre les flaques d’eau pour accéder à son domicile. La petite ruelle qu’il empruntait paisiblement en mois de mars est aujourd’hui impraticable. La nature a repris ses droits. Herbes, ordures, sauterelles, moustiques gouvernent le lieu.

Le début du mois d’octobre annonçait la fin de la saison pluviale pour la quarantaine. Mais il constate que la pluie persiste encore. « Nous sommes vers mi-octobre et il continue à pleuvoir plus qu’en mois d’août où nous sommes censés connaître une forte pluie », relève-t-il dans une voix confuse.

La saison de pluie dure trois à quatre mois selon les zones du pays. A N’Djamena, elle ne perdure pas autant, nous explique-t-on à l’Agence nationale de la météorologie. Selon le directeur de l’exploitation et des applications météorologiques, Kadebe Tikri Lambert, la situation évolue comme elle a été prévue. « Qu’il aura un début de pluie précoce et une fin tardive, autrement le Tchad va continuer à enregistrer des précipitations pluviales » précise-t-il. La fin de ces perturbations est estimée au début du mois de novembre, annonce l’Agence nationale de la météorologie. Elle justifie ce phénomène par le réchauffement climatique dont le monde fait face cette dernière décennie.

L’amorce tardive de la saison a entrainé des conséquences considérables pour des agriculteurs. Ngar* en fait partie. Visage ferme, regard fixé sur des tiges de tubercules, des légumes, des céréales asséchées par manque de pluie. Et pourtant une grande partie du champ est inondée par la dernière grosse pluie.  « On aura dû avoir cette forte pluie au début de la saison, mais c’est maintenant qu’il continue à pleuvoir comme jamais », observe-t-il les bras superposés sur le dos. « La récolte de cette année ne sera pas bonne, je crains le pire pour moi », se lamente-il en s’éloignant petit à petit des légumes flétris.