Malgré les déformations et le taux élevé de mortalité chaque année lié à des maladies causées par la consommation de la cigarette, cela n’inquiète pas les fumeurs tchadiens et surtout des mineurs. 

146.000 adultes meurent par an en Afrique de suite de consommation du tabac selon le rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) de 2018. En dépit des politiques gouvernementales tendant à dissuader les fumeurs, le phénomène va grandissant.

Au Tchad, sur les paquets de cigarette figurent des images liées aux conséquences. Les prix de vente ont été augmentés. Mais tout cela n’a guère inquiète les adeptes. Et ces derniers temps, des mineurs également s’y lancent.   

Au quartier Amtoukoui, dans le 7ème arrondissement de la commune de N’Djamena, un groupe de mineurs fument la cigarette au vu et au su de tout le monde. Agés aux environs de 12 à 16 ans, ces mineurs se regroupent et forment un demi-cercle et posent des paquets de cigarette et des briquets au milieu. Des phrases comiques accompagnées par des fumées de cigarette animent les débats.

Hormis ce quartier, nombre de mineurs des différents quartiers de la capitale tchadienne trouvent du plaisir et le goût en fumant la cigarette. Du quartier Dembé en passant par Ndjari et Walia le constat est le même. L’imitation, la distraction et surtout les problèmes sociaux restent les causes qui poussent ces mineurs dans  la consommation du tabac. Pourtant cette pratique est source de mortalité des milliers de personnes chaque année dans le monde.

Les conséquences qu’ils encourent  sont nombreuses et classées en ordre social et sanitaire selon Dr Manikassé Palouma. Dans le cadre social « D’abord l’enfant va développer la dépendance, ce qui l’amènera à chercher de l’argent à tout moment. S’il ne trouve pas, il va voler. Et il faut souligner que le tabac rend agressif, tel a agressé tel pour enfin se procurer de la cigarette, donc il deviendra un criminel. Il  désertera les cours, et finira par abandonner les études », explique-t-il.

Sur le plan sanitaire, « il sera de la discopathie qui est une maladie dangereuse. Ensuite s’en  suivra le cancer de voie respiratoire, ce qui l’empêchera de respirer normalement. Il y a aussi la stérilité qui est l’une des conséquences directes du tabac. L’enfant deviendra à la longue impuissant », souligne Manikassé Palouma.

Pour barrer ce fléau qui va crescendo, la Croix Bleue s’active inlassablement dans la lutte contre les stupéfiants en général et le tabac en particulier. « Nous sensibilisons les jeunes à travers les activités, nous les formons, éduquons sur la question du tabac, alcool et autre stupéfiant. Ensuit la Croix Bleue collabore avec diverses associations et communautés religieuses locales pour former des membres qui sont majoritairement jeunes. Nous dénonçons et plaidions aussi afin que le gouvernement applique les lois et décisions portant règlementation des lieux de vente des stupéfiants », relève  le coordinateur des projets de la Croix Bleue, Bedingar Ngarossorang.

Cependant, les multiples sensibilisations faites par le ministère de la santé publique en collaboration avec les médias restent vaines. Et même la loi 10  du ministère de la Santé publique du 10 juin 2010 portant interdiction de la consommation du tabac par les mineurs semble méconnue.

Si le gouvernement à travers le ministère de la Santé publique se soucie de la santé de la population, parents, acteurs de la vie sociale doivent s’y mêler. A cet effet, les acteurs doivent se donner le devoir de règlementer la vente de la cigarette et autres produits pour ne pas exposer la vie de ces gosses.       

Djimhodoum Serge, stagiaire