Dans la capitale tchadienne, la consommation de l’alcool frelaté par des jeunes est à la mode. Malgré son interdiction, ces whiskys en sachet ou en bouteille sont visibles dans les coins et recoins de N’Djamena. 

L’ambiance est émouvante dans ce coin. Des rires à gorge déployée se font entendre. S’en suivent des  moqueries et des plaisanteries. Le tout accompagné des mélodies de l’heure. Nous sommes au quartier Dembé, 7ème arrondissement  de la commune de N’Djamena. C’est ici que  Roger vend l’alcool frelaté (contenu dans des sachets plastiques), depuis plus de dix ans.  

Ce matin, la quarantaine ouvre sa petite boutique à 7 heures. Et ne se reposera qu’à 21 heures comme la plus part des jours. Dans ce petit bistrot, on y trouve des whiskys frelatés de toutes marques : Power pack, Patron, Empire, Player et bien d’autres.

« Je veux un Lion d’or », lance un jeune consommateur venu s’approvisionner chez Roger. Pour trois sachets, il a déboursé 250 francs CFA. Pendant qu’il reprend la route, les demandes d’autres clients viennent de partout.

Les va-et-vient des acheteurs s’effectuent à tout moment.  Plus le nombre des clients croît, plus le chiffre d’affaire augmente.  Pendant que les uns  rebroussent  chemin, les autres se font une place sur un banc arrangé au fond de  la boutique. Les présents sont rejoints par d’autres après une longue journée de travail.  Et l’on fait place au sujet d’actualité autour de ces sachets bien conservés dans des glacières.  Dans ce débat houleux, Roger nous confie que la vente de ces sachets est très facile malgré l’interdiction. «  Il faut avoir un bon fournisseur et savoir fidéliser ses clients ». Roger vend ces whiskys dans des sachets entre 50 à 100 francs CFA. Même s’il déplore la consommation abusive par des jeunes ce dernier temps, il continue à faire de cette activité son commerce. 

Hormis le point de vente de Roger, la ville de N’Djamena est submergée par les points de vente d’alcool frelaté. Dans certains quartiers, des coins spéciaux bien équipés (table, chaise, banc) avec des enseignes sont dédiés à la vente des whiskys frelatés. Cette pratique a gagné toute la capitale. Dans les milieux jeunes, les raisons de consommation de l’alcool frelaté sont multiples. «  J’ai fini mes études depuis 2014, après une année de travail, je me suis retrouvé au quartier. J’ai déposé mes papiers dans différents lieux mais en vain malgré les suivis incessants. Aujourd’hui, grâce aux bénéfices de mon commerce, je consomme les frelatés», déclare Innocent,  consommateur. Pour Eric, prendre des whiskys frelatés est sa seule manière de s’évader des problèmes sociaux.  

Il y a de cela quatre ans environ, le gouvernement tchadien a interdit l’importation et la vente de ces boissons frelatées sur l’ensemble du territoire national. Mais cela semble être ignoré. Et les autorités en charge du suivi  restent muettes face à cela.

Si les autorités communales appliquent la décision portant sur l’interdiction des plastiques, elles doivent également s’investir pour la mise en œuvre de l’interdiction de la vente de l’alcool frelaté dans la ville. Et elles doivent aussi militer aux côtés de certains associations pour réduire le taux de la consommation de l’alcool en générale.

« La Croix Bleue milite depuis quelques temps à travers les sensibilisations des parents dans les arrondissements tels : 6ème, 7ème  et 9ème. Aux côté des jeunes, elle est présente aujourd’hui dans 16 établissements et organise  des formations sur développement des compétences des jeunes afin de résister aux offres de l’alcool. Aux côtés de l’Etat, la Croix Bleue fait des plaidoiries », a fait savoir le secrétaire générale de la Croix Bleue, Samadji Mbangtonou.

Djimhodoum Serge, stagiaire