Dans les marchés de N’Djamena, des commerçants ne craignent pas les agents municipaux. Le secret : leur filer quelques pièces sonnantes et trébuchantes.

Il est midi passé, le soleil bat son plein à N’Djamena. Les vendeuses de poissons frais, tenues en bordure de route au marché de Dembé, s’activent. Des tas de Tilapia, communément appelés « porfo », et d’autres types de poissons frais sont étalés tantôt sur des sacs à même le sol, tantôt  dans des plateaux tenus entre les mains des vendeuses.

Soudain, c’est la panique. Des vendeuses se mettent à fuir lorsque débarquent des agents municipaux à la « forêt », la partie du marché de Dembé dédiée à la vente des poissons frais. Malgré l’odeur nauséabonde qui s’y dégage, la scène attire des badauds. « Ils ont recommencé avec leur comédie », lance un passant. Ce dernier fait allusion aux descentes de ces hommes en tenue bleue, censés mettre de l’ordre dans les marchés, qui se laissent soudoyer par certains commerçants.

Pire, des vendeuses de poissons frais ont carrément déserté le marché Al Farah pour se créer des points de vue sur la bordure de différentes routes. C’est le cas entre autres des installations illégales au rond-point de Chagoua, dans le sud de N’Djamena. Idem sur le boulevard dit de « citron », situé au quartier Djambal-Bahr, près de l’Hôpital de la mère et de l’enfant. « En général, les vendeuses se concertent et cotisent chacune 500 ou 1 000 francs CFA et les donnent aux agents municipaux pour s’assurer l’impunité », affirme l’une d’entre elles.

Contacté par Tchadinfos, une source au sein de la police nationale reconnait que cette pratique est illégale. « Ces choses-là se passent dans tous les domaines, l’on ne peut tout contrôler des fois », tente-t-elle de se justifier.