Handicapé dès l’âge de 3 ans, Ouya Bassou Boula, s’est vu refusé l’accès à certaines opportunités d’emploi à cause, dit-il, de son handicap. Il en garde des souvenirs amers et les partage à l’occasion de la journée nationale des personnes handicapées célébrée du 5 au 7 février.

A 3 ans, la poliomyélite a attaqué Ouya Bassou Boula, paralysant un de ses pieds. Son rêve de devenir grand footballeur, est brisé. ‘’Mon rêve était de devenir grand footballeur comme Maradona. Je portais même son maillot dès le bas âge. Avec cet handicap, j’ai abandonné ce rêve. J’ai commencé à embrasser les domaines techniques’’, se réoriente-t-il.

Désormais, il s’appuie sur ses deux béquilles pour se déplacer. ‘’En tant que personne handicapée, franchement, c’est difficile’’, avoue-t-il. Après son baccalauréat, il entame ses études supérieures à l’institut polytechnique Toumaï de N’Djaména, aujourd’hui devenu université.

Regagner sa classe, située à l’étage, est un parcours de combattant. ”Les gens me demandaient si j’arrivais à monter l’escalier. Je viens tôt, avant les autres pour monter. Je suis le dernier à sortir’’, raconte-t-il.

Son diplôme de maintenancier en informatique en poche, Ouya Bassou découvre amèrement les réalités du monde professionnel. ’’Même pour passer un simple stage, ce n’était pas facile. J’ai quand même eu à passer des stages à la radio Arc-en-ciel, à la Sotel, à l’ONRTV’’, cite-t-il.

Maintenant, il se qualifie d’’’éternel stagiaire’’. ‘’On ne dira pas que c’est parce que tu es handicapé qu’on ne veut pas te recruter. Mais, dans les gestes, comportements, tu le sens’’, regrette-t-il.

Une expérience l’a particulièrement marquée. ‘’Ce qui m’a beaucoup choqué, j’avais passé un entretien à N’Djamena, on m’a retenu. Dès que je suis rentré pour revenir le lendemain, on n’a fait que me retarder jusqu’à je n’ai pas pu prendre service. Finalement, le gardien de l’institution m’a dit qu’on m’a remplacé’’, se rappelle-t-il, douloureusement.

Ouya dit avoir passé plus de 11 ans à l’Office national des médias audiovisuels (ONAMA) de Sarh ‘’sans contrat’’.

Père de deux enfants, il intervient dans des établissements, donne des formations en informatique, fait dans la maintenance au quartier pour prendre en charge sa famille. Le trentenaire appelle l’Etat à penser aux personnes handicapées. ‘’Voyez! même la Fonction publique, jusque-là on n’est pas intégré. On ne veut pas être des éternels assistés’’, interpelle-t-il.