YAOUNDE, 28 juin (Xinhua) — Sa première réalisation, la première tablette africaine, a connu un succès retentissant tel que le Congolais Vérone Mankou passe aujourd’hui pour une figure emblématique d’une jeunesse africaine entreprenante et soucieuse de prendre son destin en main, et dans les foras et salons de l’innovation technologique, il porte sa voix, comme au New York Forum Africa à Libreville.

A travers ce jeune Congolais que le forum économique organisé dans la capitale gabonaise comptait parmi ses panélistes lors de la deuxième édition tenue du 14 au 16 juin, c’est tout un continent, l’Afrique, qui administre la preuve que dans le marché des tablettes et smartphones, il avance sans complexes, avec des arguments tout à fait aussi convaincants que les créateurs mondiaux du domaine.

Face à l’auditoire comme à la presse, Vérone Mankou laisse découvrir l’image d’un jeune créateur et chef d’entreprise ayant bien la tête sur les épaules, conscient de ses exploits. « Le marché de nos tablettes et de nos produits représente un milliard d’habitants, parce que c’est toute l’Afrique que nous voulons conquérir. Nous voulons être le leader en Afrique et c’est un grand marché », a-t-il fait valoir dans un entretien à Xinhua à l’occasion de cet événement.

A 85.000 francs CFA (170 dollars américains), le prix d’unité de son smartphone et 100.000 francs (200 dollars) celui de la tablette, il casse la baraque pour marquer le terrain avec une logique commerciale défiant toute concurrence et portée par un credo : « Nous donnons accès aux mêmes usages à un meilleur prix ».

« Je peux vous assurer que le taux de croissance, je n’exagérerais pas, est dans les 10.000%. Le produit a une très bonne croissance, il est très bien accepté, il est très vendu et c’est quelque chose qui dépasse même nos espérances », informe-t- il à propos de sa tablette apparue en 2011.

Pour les grandes marques internationales, ces prix sont en moyenne de 200.000 francs CFA (400 dollars) pour un smartphone et de 400.000 à 500.000 francs (800 à 1.000 dollars) pour une tablette.

« Quand nous avons lancé par exemple notre première tablette, poursuit le jeune entrepreneur, le but était de vendre 1.000 pièces en trois mois. Nous avons vendu 1.000 pièces en une semaine. Ça veut tout dire du marché où nous nous sommes lancés et de l’espérance que les gens avaient sur ce produit ».

Un mystère entoure cependant les chiffres. « Nous en avons vendu des milliers, mais je ne donnerai pas de détails », affirme- t-il, expliquant qu’ « aujourd’hui il est rare de voir les constructeurs qui communiquent sur ces détails-là, parce que c’est donner trop de détails à la concurrence. Mais, ce que je peux vous dire que par exemple pour le cas du smartphone, nous sommes rentrés dans nos frais depuis le troisième mois après le lancement et la tablette est un succès ».

Connu sous le nom d’Elikia, le smartphone de Vérone Mankou, présenté au public en septembre 2012 à Brazzaville, se caractérise par un écran tactile de 3,5 pouces comme l’iPhone. Doté d’une mémoire vive de 512 Mo et d’un processeur de 650 Mhz, il fonctionne avec le système d’exploitation Android. De 256 Mo, sa mémoire interne est extensible jusqu’à 32 Go via une carte mémoire.

C’est un appareil compatible avec les réseaux de haut débit mobile 3G. Il est équipé d’une fonction wifi, d’un système de géo- localisation GPS et d’un appareil photo d’une résolution de 5 millions de pixels. Il est commercialisé via les opérateurs de téléphonie mobile établis dans ses marchés de commercialisation, ainsi d’Airtel, Mtn et Warid au Congo-Brazzaville.

Baptisée quant à elle Way-C, la tablette du jeune Congolais dévoilée fin 2011 et qui l’a rendu célèbre dispose de 7 pouces et fonctionne avec le système Android 2.3.

Ces produits sont présents dans quatre marchés africains des téléphones et des écrans tactiles. En plus du Congo-Brazzaville, sa patrie, et du voisin de la République démocratique du Congo ( RDC), Vérone Mankou a mis le cap, sur la base d’une programmation ordonnée, sur la Côte d’Ivoire et le Sénégal, deux pays d’Afrique de l’Ouest.

« L’Afrique a 54 pays. Notre but à nous, c’est d’aller dans les 54 pays et vu que nous sommes encore une petite entreprise, aller à l’extérieur c’est toujours un investissement coûteux. Donc, nous allons pas à pas, au rythme de quatre pays par année », assure le fondateur de VMK, sa junior entreprise qui, en 2012, a franchi la barre de son premier million de dollars de chiffre d’affaires, révèle-t-il du reste.

« Nous connaissons la réalité africaine. Nous savons que nous avons des problèmes d’électricité dans certains, donc ça veut dire qu’il faut des téléphones qui vont plus loin que la limite normale. Nous savons que nous avons des problèmes de réseau, donc il faut que le produit capte plus loin. C’est cette spécificité qui fait que nos produits à nous correspondent mieux aux Africains », énonce ce développeur d’applications.

Le développement de ces appareils a bénéficié d’une subvention de 700.000 dollars des pouvoirs publics congolais dans le cadre du soutien à l’entrepreunariat industriel. D’un effectif de 20 employés « répartis majoritairement dans trois pays », VMK compte des bureaux à Hong Kong, puis à Ideraba en Inde.

En raison des coûts de production jugés attractifs, l’assemblage des produits se fait en Chine. « Ce n’est pas réaliste de vouloir le faire aujourd’hui en Afrique. Assembler un produit comme le notre en Afrique, ça triplerait les coûts de vente. Je ne pense pas que c’est raisonnable de dire aux Africains que voici un produit que nous avons assemblé en Afrique, mais il coûte trois fois plus cher que les autres, achetez ça parce que c’est africain », observe-t-il.

En dehors de lui, d’autres jeunes Africains émergent avec des créations intéressantes, dans d’autres secteurs de la technologie. C’est le cas du jeune Marc Arthur Zang au Cameroun qui a mis au point en 2012 le Cardiopad, un appareil dédié au traitement des malades cardiaques.