OPINION- Alors que le taux de couverture électrique sur toute l’étendue du territoire national n’est que de 6,4% sur une population tchadienne de près de 15 millions d’habitants et avec une forte concentration de couverture dans la ville de N’Djamena et certaines zones urbaines, la question d’un état d’urgence de l’énergie au Tchad a tout le mérite d’être posée.

Priorité absolue pour le développement de notre pays, Il est de notre devoir de réfléchir aux solutions adéquates liées à cette crise énergétique et aider la SNE à franchir un pas géant vers l’autonomie et l’excellence des prestations de services fournies. Aussi, est-il important de rappeler que le taux de couverture de la population urbaine est de 20% alors que celui de la population rurale n’est que de 0,6%.

Les difficultés rencontrées par la SNE ne sont pas des moindres. Tout d’abord, la SNE fait face à un déficit énergétique caractérisant une insuffisance à satisfaire la demande globale d’énergie, toujours croissante, par les ménages et les structures.

Ensuite, en termes d’infrastructures, la vétusté des groupes électrogènes et des infrastructures électriques compromet la bonne distribution d’énergie en qualité et en quantité pendant cette période de forte chaleur.

Nous pouvons atteindre sur une échelle de temps de 3 à 4 ans, un taux d’électrification largement supérieur à celui que nous avons actuellement. Pour que cela se réalise, la priorité doit se placer sur la recherche de financements et emprunts qu’offrent les institutions financières compétentes nationales et étrangères, tout en ayant cette capacité à leur présenter des garanties fiables. Les marchés financiers régionaux et internationaux ainsi que les partenaires techniques et financiers peuvent soutenir davantage notre projet d’autonomie énergétique. Ouvrir notre capital social à des sociétés techniquement compétentes afin qu’elles puissent apporter toute leur expertise et nous aider à résoudre définitivement le problème de l’énergie au Tchad.

Ensuite, opter pour des solutions d’énergies renouvelables telles que l’énergie solaire, l’éolien et probablement l’énergie hydroélectrique. Cependant, la SNE doit poursuivre ses activités tant dans la production que dans la distribution et permettre à d’autres sociétés, comme c’est déjà le cas, d’investir chez nous afin d’accroître notre capital de production énergétique. Les infrastructures de distribution d’énergie doivent être réinventées et réaménagées car le prix payé au kilowattheure (85 FCFA) n’est pas souvent justifié par la qualité de l’électricité délivrée au compteur.

Puis, faut-il le rappeler, la bonne gouvernance est indispensable pour que la SNE puisse d’une manière ou d’une autre travailler en coopération avec les partenaires techniques et financiers. Cette bonne gouvernance est aussi le corollaire d’une lutte efficace contre les fraudes au compteur expliquées par les branchements anarchiques et illicites qui viennent créer une surcharge dans le réseau de distribution. Le taux de recouvrement des factures est d’environ 45%, sans compter le niveau des pertes commerciales.

Pourquoi un état d’urgence de l’énergie ?

Puisqu’il y a une unanimité sur le caractère indispensable de l’énergie pour tout développement d’une société, dont la nôtre n’y échappe pas. Sans énergie, il ne peut y avoir de production industrielle de masse répondant aux besoins alimentaires des tchadiens en général. Il ne peut y avoir un taux de productivité satisfaisant tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Or, si l’on pousse la réflexion au bout de sa consistance, il n’échappe à personne que notre économie dépend d’un marché globalisé tant au niveau sous régional qu’au niveau mondial. Il est de notre devoir d’être plus compétitifs sur notre propre marché avec nos propres produits « made in Tchad ». Il est aussi important de donner les garanties nécessaires aux investisseurs et producteurs étrangers quel que soit leur domaine d’activité pour amortir leur coût d’investissement dans l’énergie. En conclusion, un meilleur accès à l’énergie tant pour les ménages que pour les entreprises et structures étatiques ou institutionnelles, est synonyme d’une meilleure croissance économique, et d’un meilleur développement social. Sans l’accès à l’énergie, le Tchad perd plusieurs années de retard en matière de développement socio-économique, qu’il sera difficile de rattraper dans un monde fortement globalisé.