Le 5ème forum des gouverneurs du bassin du lac Tchad se poursuit à Maïduguri au Nigeria. Présent dans l’un des panels de ce deuxième jour, le gouverneur de la province tchadienne du Lac, le général Saleh Tidjani Haggar, a déploré le manque de coordination des actions et de partage d’information entre les quatre pays du bassin du lac Tchad dans le cadre de la lutte contre les terroristes de Boko Haram.
C’est un général Saleh Tidjani Haggar qui avait un message à faire passer qui a pris place sur l’estrade en compagnie d’autres panelistes. Son intervention, taclant ses collègues qui se réunissent dans les « bâtiments climatisés » pour chercher des solutions à la crise de Boko Haram au lieu de descendre sur le terrain, a été très applaudie par l’assistance.
Interrogé à sa sortie de la salle par Tchadinfos, le gouverneur du Lac a développé sa pensée. Pour instaurer la sécurité dans ce bassin qu’ont en partage le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad, « il faut mobiliser les forces de défense et de sécurité, coordonner les actions et partager les informations ».
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En effet, celui qui a pris part à l’opération Haskanite aux côtés du maréchal du Tchad après une attaque sanglante de Boko Haram en octobre 2024 dans sa province, assure qu’il n’y a aucune base de ce groupe terroriste sur le territoire tchadien. « Ils viennent pour nous attaquer et repartent. Ils viennent d’où ? Qui leur donne des matériels ? », s’interroge-t-il. Le général Saleh Tidjani Haggar insiste donc sur la coordination des actions et le partage des informations pour éradiquer Boko Haram. « Si tout le monde est d’accord avec nous, on va finir ce phénomène de Boko Haram en trois mois», assure-t-il. Car, fait-il noter, « Tant qu’on n’a pas fini avec Boko Haram, on ne peut jamais parler de développement. Pour avoir la paix, il faut préparer la guerre ».
Relancé sur une possible inefficacité de la Force multinationale mixte qui combat le groupe terroriste, le général ne veut pas l’accabler. « La force mixte, c’est toujours les forces armées nationales tchadiennes. Mais où sont les autres ? Le long de la frontière, il y a des îles qui séparent le Tchad du Nigeria et du Cameroun. Nos îles sont occupées par nos forces de défense et de sécurité. Mais de l’autre côté, les îles ne sont pas contrôlées, elles sont laissées aux mains de Boko Haram. Boko Haram se ravitaillent sur ces îles », s’offusque-t-il, signalant au passage que l’armée tchadienne seule ne peut éliminer Boko Haram, car ne pouvant les poursuivre au-delà de ses limites territoriales.
Le gouverneur du Lac interpelle ses collègues des régions riveraines du lac Tchad à ne pas rester dans les « bâtiments climatisés » mais à descendre au terrain pour « connaitre ce qui se passe sur le terrain ».